C’est l’union sacrée dans la filière du bois dans l’Hexagone autour de l’Union des fabricants de contreplaqué (UFC) et des Conseillers du commerce extérieur de la France (CCEF) : le Gabon, faute d’avoir signé un Accord de partenariat économique (APE) avec l’Union européenne (UE), va perdre le bénéfice du SPG (Système de préférence généralisé) et acquitter une taxe à l’entrée de son bois transformé dans l’UE à compter du 1er janvier 2014.
Il est vrai que le président des CCEF de Poitou-Charentes – seconde région française pour la transformation du bois – Jean-Pierre Villeger, est directeur commercial et marketing de Joubert Plywood, un fabricant de panneaux contreplaqués en bois d’okoumé pour les sièges sociaux, et que deux vice-présidents des CCEF régionaux opèrent également, directement ou indirectement, dans la filière bois : Marie-Philippe Bonnet (Rougier Afrique International, exploitation forestière) et Françoise Andres-Laleu (Richard-Laleu, fabrication d’articles en papier ou en carton).
D’après l’UFC, la France est la deuxième région productrice de produits en contreplaqué de l’UE, avec un volume annuel de 450 000 m3, dont 50 % sont exportés, essentiellement dans les États-membres. Nombre de produits livrés hors de l’Hexagone sont assemblés sur place à partir de contreplaqué en provenance du Gabon. Si cette nation d’Afrique centrale perd le bénéfice du SPG, qui propose des réductions de droit de douane, « alors c’est un risque réel pour l’activité en France et donc pour l’emploi », affirme à la Lettre confidentielle un acteur de la filière, qui appelle le gouvernement à se soucier des conséquences de la fin du SPG dont bénéficie le Gabon.
La mobilisation de la filière tricolore pose une question plus large : la capacité de Paris de peser au sein de l’Union européenne et en Afrique. « Nous avons l’impression d’une perte de poids. Et en Afrique centrale, en particulier, nos autorités n’ont pas été capables d’expliquer à leurs homologues, au Gabon en particulier, qu’elles avaient intérêt à signer des APE ».
Résultat, selon lui, « les Africains craignent les APE et veulent se protéger contre les produits importés, alors que nous aurions dû être capables de les convaincre que les fabrications européennes ne sont pas forcément concurrentes des leurs et que, concernant celles qui se trouvent en compétition frontale, les États ont le droit d’établir des listes d’exclusion justement pour sauvegarder leurs productions ». Aujourd’hui, « les professionnels français du contreplaqué attendent de leur gouvernement un soutien efficace pour amortir les difficultés financières auxquels ils vont être confrontées », avertit l’interlocuteur de la LC.
François Pargny