Le Gabon est à « un
carrefour », affirme le Fonds monétaire international (FMI), dans son
dernier examen de la politique économique de cet Etat d’Afrique centrale, qui
sera rendu public le 13 février. Dans ce document dont Le Moci s’est procuré
une copie, le FMI invite ce pays à mener rapidement des réformes de fond, en
matière d’environnement des affaires, de bonne gouvernance, de gestion de
l’investissement public, de ressources humaines, d’emploi et de formation,
d’accès au financement et d’intermédiation financière.
Si le produit intérieur brut (PIB)
du Gabon a bondi de 7 % en 2010-2011 et si l’économie, grâce aux mines, au bois
et aux investissements publics, restera en 2013 « robuste », selon le
FMI, le risque est réel qu’à terme baissent les prix du pétrole et du
manganèse, qui représentent 90 % des exportations nationales et 45 % du PIB.
L’organisation internationale
estime que la production pétrolière déclinera doucement chaque année,
confirmant ainsi les informations recueillies récemment sur le terrain par Le
Moci. En effet, d’après nos sources à Libreville, la production d’or noir
baisserait réellement à partir de 2018 et, si le gouvernement gabonais table
sur des découvertes en eau profonde, les compagnies internationales affichent
leur scepticisme.
Certes, le Gabon cherche à
diversifier son économie. Mais les résultats sont faibles en raison du niveau
élevé des salaires et du déficit d’infrastructures. Cette situation peut remettre
en cause l’objectif du président de la République, Ali Bongo, d’un Gabon
émergent à l’horizon 2025. Outre l’émergence d’un Gabon Vert (production de
caoutchouc, d’huile de palme…), d’un Gabon industriel (transformation du bois, des minerais…)
et d’un Gabon des services (écotourisme, économie numérique…), des investissements publics
de l’ordre de 12 milliards de dollars en sept ans sont prévus, ce qui
représente 150 % du PIB non pétrolier de 2011.
Le FMI, qui pointe aussi les
écarts en matière de revenus (un tiers de pauvres) et d’emploi (20 % de
chômeurs, 36 % chez les jeunes), doute aussi de la capacité du gouvernement à
exécuter son plan d’investissement sans errements et sans gaspillage. Certes,
la fondation de l’Agence nationale des grands travaux (ANGT), coordonnée par la
compagnie américaine d’ingénierie Bechtel, peut rassurer. A condition
toutefois, que les projets soient rapidement concrétisés.
Sans compter que le Fonds s’inquiète de la main mise de l’ANGT, qui
n’effectuerait aucun transfert de technologie et de savoir-faire en direction
des ministères techniques. C’est la même critique qu’adressait la représentante
de la Banque mondiale à l’encontre de l’agence, quand elle recevait Le Moci, fin janvier, dans son bureau à Libreville : Zouera Youssoufou indiquait
alors que son établissement avait mis en place un programme d’assistance
technique de deux millions de dollars en faveur de six ministères.
Un programme qu’elle jugeait
beaucoup plus important que les programmes d’investissement de la Banque mondiale
(télécommunications, électrification rurale, développement du secteur privé,
éducation avec l’Agence française de développement). Ce qui agaçait fortement la représentante nigérienne de la
Banque mondiale, c’était que l’ANGT puisse « déshabiller » les
ministères de toutes leurs compétences et donc de leur savoir-faire.
François Pargny
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