Grâce à un soutien étatique d’envergure, les défaillances d’entreprises dans le monde ont reculé en 2020 et devraient suivre la même tendance en 2021, selon la dernière étude d’Euler Hermes. Elles devraient en revanche repartir à la hausse en 2022.
Le retrait progressif des aides publiques aux entreprises peut-il provoquer une recrudescence des défaillances d’entreprises dans les prochains mois ? C’est la question qui hante actuellement les milieux d’affaires et à laquelle tente de répondre la dernière étude d’Euler Hermes sur le sujet.
Selon les analystes de l’assureur-crédit, alors qu’elles ont reculé de 12 % dans le monde en 2020 et devraient continuer sur la même tendance cette année (- 6 %), les défaillances d’entreprises devraient repartir à la hausse en 2022 (+ 15 %).
Les aides ont permis d’éviter une défaillance sur deux en Europe
« Si l’on regarde les niveaux de défaillances, il apparait que les pouvoirs publics ont réussi à aider les entreprises à surmonter la crise : en 2020, les soutiens publics déployés ont permis d’éviter une défaillance sur deux en Europe de l’Ouest et une défaillance sur trois aux Etats-Unis. L’extension de ces dispositifs a d’ores et déjà permis de garder les défaillances d’entreprises à un bas niveau en 2021, mais la suite dépendra de la façon dont les autorités débrancheront les aides au cours des prochains mois », explique dans un communiqué Maxime Lemerle, directeur des recherches sectorielles et défaillances chez Euler Hermes.
Selon Euler Hermes, le retrait des mesures publiques de soutien devrait déclencher une normalisation progressive des défaillances d’entreprises. Le leader mondial de l’assurance-crédit prévoit une hausse des défaillances à l’échelle internationale de + 15 % en 2022, après deux années de recul prononcé.
Mais avec un retrait des dispositifs étatiques souvent réalisé de manière progressive et ajustée, le retour à la normale des niveaux de défaillances prendra plus de temps : en 2022, les défaillances d’entreprises resteront inférieures de 4 % à leur niveau de 2019.
La normalisation plus lente aux États-Unis et en Asie
Dans les marchés émergents, la normalisation des niveaux de défaillances d’entreprises a déjà débuté, en partie du fait de soutiens étatiques moins généreux et, récemment, du renforcement des restrictions sanitaires. Dans les pays émergents d’Afrique, par exemple, les niveaux de défaillances pré-crise seront rattrapés dès cette année. En Europe centrale et orientale, ainsi qu’en Amérique latine, le retour à la normale surviendra en 2022.
Après un recul notable en 2020-2021, du fait d’une sortie rapide de la crise sanitaire et donc d’une forte reprise économique, la plupart des pays asiatiques enregistreront de fortes hausses de défaillances en 2022 (+ 18 % en moyenne pour la région). L’Inde verra notamment ses défaillances d’entreprises croître de + 69 % l’année prochaine.
Toutefois, à moins que la pandémie ne continue de perturber les activités portuaires, les usines et les chaînes d’approvisionnement dans la région, l’Asie enregistrera moins de défaillances d’entreprises en 2021 qu’en 2019.
Des situations hétérogènes en Europe
L’Europe de l’Ouest, de son côté, enregistrera des tendances hétérogènes. Du fait du poids dans leur économie des secteurs les plus exposés à la crise Covid-19, l’Espagne et l’Italie subiront un fort rebond des défaillances en 2022.
Au contraire, l’Allemagne, la France, la Belgique et les Pays-Bas mettront plus de temps à retrouver des niveaux de défaillances similaires à ceux de 2019 du fait de fortes mesures publiques de soutien et/ou de l’extension de ces dernières.
Enfin, aux États-Unis, les défaillances d’entreprises resteront à un niveau bas en 2021 et 2022, principalement grâce au soutien public massif déployé et à un rebond économique particulièrement fort, le plus rapide jamais enregistré lors des 3 dernières décennies.
Selon l’assureur crédit, cinq facteurs dicteront l’évolution des défaillances, à savoir : la reprise économique mondiale, le rythme de retrait des mesures publiques de soutien, la situation des « zombies pré-covid-19 » (les sociétés artificiellement maintenues à flot par les mesures publiques), la détérioration de la santé financière des entreprises, à laquelle s’ajoute les problématiques de soutenabilité de la dette et la reprise des créations d’entreprises.
Sophie Creusillet