Cet article a fait l’objet d’une Alerte adressée le 22 juin à 11 H00 aux abonnés de la Lettre confidentielle.
L’ancien pavillon de Rhône-Alpes à l’Exposition universelle de Shanghai Expo 2010, l’Espace Rhône-Alpes, siège en Chine de la filiale de l’ancien bras armé de la Région à l’international Erai (Entreprise Rhône-Alpes International), se cherche un ou des nouveau(x) locataire (s) : le nouvel exécutif d’Auvergne Rhône-Alpes a en effet décidé de ne pas renouveler le bail de trois ans qui arrive à échéance le 22 novembre prochain et a, vainement jusqu’à présent, cherché des repreneurs. Il s’agit d’une des dernières conséquences de la disparition d’Erai, liquidée le 30 juin 2015, alors que doit être publié demain 23 juin le rapport très attendu de la Cour régionale des comptes (CRC) sur la gestion de cette association, dont les conclusions doivent être discutées le même jour par le conseil régional.
L’opération a plombé les comptes d’Erai
Ce pavillon, pour la construction duquel l’ancienne Région Rhône-Alpes avait investi de l’ordre de 15 millions d’euros, était devenu, après l’Expo 2010, successivement une sorte de «Maison Rhône-Alpes en Chine» puis, mais de façon confuse, une éphémère « Maison de la France en Chine » en 2014, projet en partenariat avec Business France et la CCI française en Chine dont la « labellisation » par les autorités française n’avait jamais été officiellement confirmée par la suite. L’association Erai avait en effet été ensuite emportée par un imbroglio politique suite à la défection des écologistes d’EELV ayant conduit au non-vote de sa dotation de fonctionnement pour 2015, puis à sa faillite. La Région avait confié la « coordination » du projet de participation à Expo 2010 au président d’Erai, Daniel Gouffé, puis la gestion du bâtiment à Erai dans des conditions aujourd’hui sévèrement critiquées par le rapport de la CRC.
De larges extraits du rapport ont en effet été reproduits dans la presse régionale dès le 16 juin. Selon certains des extraits cités, la CRC estime notamment que ce projet était « étranger à l’objet» d’Erai, dont « les financements n’étaient pas prévus dans la convention d’objectifs et de moyens »** ; en outre, le conseil d’administration d’Erai « n’a jamais approuvé un budget spécifique à l’exposition universelle » et « n’a pas non plus demandé ni approuvé de bilan financier à la fin de l’exposition »***. Cette opération a plombé les comptes d’Erai, qui a dû être renflouée en fonds propres dès 2011 par la Région.
Pas de repreneur dans la région
Alors que le nouvel exécutif issu d’une majorité de droite a fait de la réduction des frais de fonctionnement de la Région un de ses chevaux de bataille et annoncé sa volonté de ne pas recréer une agence dédiée à l’international, son désengagement de l’implantation de Shanghai, propriété de la municipalité chinoise, n’est pas une surprise. Mais pour l’heure, il peine à trouver un nouveau locataire.
CGPME, Medef, Chambre de commerce et d’industrie, sociétés privées, « aucun ne s’est montré intéressé pour reprendre le bail » a notamment indiqué Étienne Blanc, vice-président de la Région délégué aux Finances, à l’administration générale, aux économies budgétaires et aux politiques transfrontalières, au journal régional en ligne acteursdeleconomie.latribune*. A l’OSCI (Opérateurs spécialisés du commerce international), François Coulin, vice-président de cette organisation qui regroupe les acteurs privés de l’accompagnement des entreprises à l’export, confirme qu’elle a été sollicitée par l’élu pour proposer « une solution » de reprise et avoir décliné l’offre. Salvéo, société membre de l’OSCI qui a repris les activités d’appui aux entreprises d’Erai en Chine l’an dernier, a elle-même résilié son bail.
Jugé quelque peu excentré par rapport aux différents quartiers d’affaires de la métropole chinoise par nombre d’observateurs, difficile à occuper (4000 m2 de surface sur 4 étages), coûteux (70 000 euros / mois), ce bâtiment est depuis plusieurs mois complètement vide. Son dernier occupant, le restaurant d’application mis en place par l’Institut Paul Bocuse après l’Expo 2010, a été fermé par ce dernier en septembre 2015.
Tandis qu’ Étienne Blanc a fait partir la lettre de résiliation du bail à l’attention des autorités chinoises, Laurent Wauquiez, le président d’Auvergne Rhône-Alpes, aurait pris en main personnellement la partie diplomatique de la gestion de cette affaire, délicate en raison de l’existence d’accords de coopération anciens entre la Région et les autorités de Shanghai.
Christine Gilguy
*Lire notamment dans la LC n°119 du 23/10/2014 : Couacs de com pour l’équipe de France à l’export en Chine
**Lire sur acteursdeleconomie.latribune.fr : Erai :le verdict accablant de la chambre régionale des comptes
*** Lire sur leprogres.fr : Exclusif : ce que révèle la Chambre régionale des comptes sur Erai
Pour prolonger :
–Erai / Auvergne Rhône-Alpes : les privés de l’OSCI se positionnent face aux critiques de la Cour régionale des comptes
–Région / Export : en Auvergne Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez précise la rupture avec l’ancien modèle Erai
–Erai/Rhône-Alpes : après la liquidation, reste à assurer la continuité de service