La startup nantaise Smartway, nouveau nom de « Zéro gâchis » vient de lever 10 millions d’euros pour accélérer le déploiement international en Europe de sa plateforme « intelligente » permettant de limiter le gaspillage alimentaire dans la grande distribution.
Connu pour ses rayons ou ses têtes de gondoles « Zéro gâchis », des emplacements promotionnels de produits proches de leurs date limite de consommation (DLC) dans les supermarchés et hypermarchés, Smartway, passe à la vitesse supérieure.
« En autofinancement depuis la création de Zéro Gâchis en 2012, nous avions besoin d’un premier levier financier pour accélérer notre croissance à l’international » indique Paul-Adrien Menez, son P-dg et co-fondateur avec son frère (notre photo).
Smartway, son nouveau nom à consonnance plus internationale que Zéro gâchis, s’est payé le luxe de choisir les fonds d’investissement qui entrent dans son capital, mais dont les trois co-fondateurs restent majoritaires.
Des fonds d’investissement pour soutenir la croissance en Europe
« Il nous fallait des fonds capables d’accompagner notre développement sur 3 ans en Europe autour de nos trois enjeux de la Deep Tech, de l’international et d’une forte croissance, mais aussi dotés d’une forte capacité de réinvestissement pour soutenir ensuite notre croissance au-delà du vieux continent en Amérique ou en Asie » résume-t-il.
L’entreprise a ainsi bouclé un tour de table de 10 millions d’euros auprès de Supernova Invest –« le plus grand fonds de la Deep Tech en France issu du Commissariat à l’énergie atomique » selon le dirigeant-, de deux fonds d’entrepreneurs Evolem Start et Holnest – « le fonds de Jean-Michel Aulas, président emblématique du club de football de Lyon et de Cegid, éditeur de solutions digitales »-, ainsi qu’auprès d’IDIA Capital investissement et Unexo, « deux fonds du Crédit agricole présents partout dans le monde » d’après Paul-Adrien Menez.
Des filiales en Italie et en Espagne pour répondre à la demande
Victime du succès de sa plateforme numérique intelligente qui permet de limiter le gaspillage alimentaire dans les grandes surfaces, Smartway doit faire face à une demande croissante des enseignes de la distribution en Europe. « Pour répondre à ces opportunités entrantes, on va créer deux filiales, l’une en Italie et l’autre en Espagne pour lesquelles nous recruterons au total 25 personnes » explique-t-il.
La startup a également besoin d’embaucher un salarié local, à chaque fois qu’elle démarre un premier contact avec une enseigne dans un pays européen pour lancer des tests de sa plateforme dans ses magasins.
« En Roumanie, on a recruté une personne pour le lancement de tests et le déploiement de la solution dans plusieurs magasins Auchan sur place. De même, en Russie, on embauchera une personne locale dans les prochains mois pour le démarrage de tests dans les magasins d’une enseigne » expose Paul-Adrien Menez.
Smartway compte aussi recruter du personnel sur place au Portugal, pays qui sera néanmoins piloté par la filiale espagnole.
Une plateforme de gestion des invendus basé sur l’intelligence artificielle
Il faut dire que Smartway a mis au point une plateforme logicielle révolutionnaire de gestion des invendus ou des produits proches de leur DLC basé sur l’intelligence artificielle.
Ce Food Waste Management System (FWMS), qui se démarque de la concurrence grâce à la puissance de son intelligence artificielle, attise l’intérêt d’enseignes de la distribution dans des pays européens « qui ont 5 ans de retard vis-à-vis de la France dans la gestion du gaspillage alimentaire » selon le dirigeant.
Connecté au système d’information du magasin, cet outil d’aide à la décision pour le personnel des grandes et moyennes surfaces, détecte les produits en fin de vie dans les rayons et prescrit automatiquement la meilleure filière de revalorisation en faisant le choix le plus profitable.
Son algorithme arbitre entre une mise en promotion des produits concernés et leur don à des associations caritatives. En cas de remise, la plateforme la calcule automatiquement et imprime une nouvelle étiquette de façon instantanée.
« L’objectif de notre plateforme est de faire gagner du temps au personnel des magasins et de l’argent aux enseignes. Elle peut permettre à un point de vente de réduire de 80% son gaspillage alimentaire et d’augmenter de 51% son bénéfice net après impôt » revendique Paul-Adrien Menez.
4 000 points de vente visés en 2025 en Europe
Pour l’heure, la solution de Smartway a déjà séduit nombre d’enseignes en France et en Europe. Elle a été adoptée par 350 grandes surfaces en France des principales enseignes E. Leclerc, Carrefour Auchan, Système U, Leader Price, de 9 magasins E. Leclerc en Espagne et de 3 au Portugal, de 30 d’Auchan en Roumanie et de 8 de Leader Price en Belgique.
« Notre objectif est d’atteindre 4 000 points de vente en France, Belgique, Espagne et Portugal à l’horizon 2025 et d’aller à la conquête de l’Europe de l’est et de l’Italie, sans exclure des pays plus lointains si l’opportunité se présente » révèle le dirigeant. La petite équipe constituée de trois personnes dédiées au développement international de la startup est ainsi fixée sur l’ambition internationale de l’entreprise.
Bruno Mouly