Cette entreprise, qui a su capitaliser sur le succès mondial de la comédie musicale de Jacques Demy, a vu ses ventes sur Internet s’envoler pendant la crise sanitaire. De relais de croissance pendant la mise à l’arrêt du commerce physique, la boutique en ligne du Parapluie de Cherbourg est en train de devenir un outil de conquête de nouveaux marchés. Grâce à une stratégie alliant bons choix technologiques et plan de communication au cordeau.
Les grandes places de marché ont beau lui faire les yeux doux, Charles Yvon n’en démord pas : mieux vaut rester maître chez soi et faire les choses par étape. Aussi, en 2018, lorsqu’il reprend l’entreprise créée en 1986 par son père, le directeur décide de restructurer l’entreprise avant de reconquérir l’international. Une dynamique qui inclut la refonte du site Internet et de la boutique en ligne, qui partageront désormais un graphisme commun.
Hors de question pour cette société labelisée entreprise du patrimoine vivant (EPV) de commercialiser ces parapluies Made in France (vendus entre 150 et 250 euros) sur une market place. « Nous véhiculons une image de marque haut de gamme et tenons à gérer notre croissance et notre image », justifie Charles Yvon, qui ne compte que sur l’autofinancement pour développer son entreprise.
Pour refaire son site Internet, il fait appel à une agence caennaise, Highfive, et mise sur un design épuré et élégant à la fois pour le site présentant l’entreprise et pour la boutique en ligne. Si l’entreprise soigne son image, ce toilettage esthétique est allé de pair avec une opération de communication plus large confiée à DGC, une agence de Saint-Lô (Manche).
Une campagne Google Ads pour tester la Suisse et l’Allemagne
Le logo est redessiné, et décision est prise de changer le nom de l’entreprise. Baptisée Le véritable Cherbourg en 1096 par son fondateur, Jean-Pierre Yvon, l’entreprise devient Le Parapluie de Cherbourg début 2020. La raison ? « Le nom du site est également celui de l’objet que nous vendons, ce qui permet un meilleur référencement naturel du site sur les moteurs de recherche, explique le directeur. Tout a été pensé en parallèle. »
Pour le référencement, il a fait appel à Full Performance, une entreprise niçoise, qui teste actuellement deux marchés, l’Allemagne et la Suisse, via des campagnes de publicité Google Ads (anciennement AdWords). L’objectif : évaluer le retour sur investissement de campagnes de référencement payant dans ces deux pays. « Si on veut attaquer le marché allemand, on sait qu’il faudrait que le site soit hébergé sur un serveur local pour améliorer le référencement naturel », anticipe Charles Yvon.
Des ventes multipliées par 6
En attendant, ce nouveau site a permis à l’entreprise de pallier les fermetures des magasins physiques depuis le début de la crise sanitaire. Sur la seule année 2020, les ventes effectuées sur le site ont été multipliées par six. Soit une part non négligeable des 2,4 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel.
Alors que l’entreprise, qui compte une trentaine de salariés dont la moitié dédiée à la production, réalisait 20 % de son chiffre d’affaires à l’international avant le début de la pandémie de Covid-19, cette part est descendue à 5-10 %. Dans le même temps, la production est passée de 6 000 à 8 000 unités par an à 20 000. Le Parapluie de Cherbourg est disponible via des importateurs au Bénélux, au Japon et également en Corée du Sud où il est vendu dans les grands magasins Hyundai.
Passer de l’opportunisme à la conquête
L’aventure à l’international a débuté par opportunisme en 1994 avec un marché réputé parmi les plus exigeants au monde : le Japon. Cette année-là, Yvon rencontre sur le salon Fair Trade de Tokyo le Prince héritier du Japon Hiro No Miya Sama avec lequel il se fait photographier, une carte de visite en or massif dans ce pays où le film de Jacques Demy est très populaire.
Alors que le plus gros de la crise sanitaire semble passé, Yvon fils, qui porte également la casquette de Conseiller du commerce extérieur de la France (CCEF), souhaite relancer l’international. « Quand on ne se déplace plus, on ne vend plus », constate-t-il. D’où l’intérêt de développer l’e-export tout en reprenant des missions de prospection à l’étranger (Irlande, Dubaï, Colombie). « On attend le mois de septembre pour relancer les États-Unis, car c’est un marché où le ticket d’entrée est élevé. »
En attendant, Le Parapluie de Cherbourg peut compter sur sa boutique en ligne. « Le site fonctionne déjà à l’export, mais n’est pas encore optimisé, notamment les traductions et les modes de paiement même si nous avons un PayPal. » Pas de quoi inquiéter Charles Yvon qui procédera aux ajustements techniques en temps voulu. Chaque chose en son temps…
Sophie Creusillet