Après le trou d’air de plusieurs mois qui a suivi la première vague de Covid-19, l’an dernier, Oohee (prononcer Ohé !) recommence à engranger des missions. Un soulagement pour cette plateforme française de mise en relation entre PME / TPE et français expatriés à l’étranger, qui se positionne plus que jamais comme une solution pour les besoins ponctuels de missions courtes de terrain.
« Contrairement à ce que l’on aurait pu penser, avec le premier confinement, nous avons subi l’effet du gel de l’ensemble des activités ». Etienne Poirot-Bourdain, le fondateur d’Oohee, est franc : la plateforme de mise en contact de PME / TPE avec des expatriés français pour des missions courtes de terrain n’a pas tiré bénéfice de la crise sanitaire qui a pourtant provoqué une digitalisation accélérée des pratiques des entreprises à l’export.
« Nos clients sont plutôt des très petites entreprises, elles ont tout gelé au moment du premier confinement » analyse Etienne Poirot-Bourdain, qui précise qu’Oohee est notamment partenaire de l’INMA (Institut national des métiers d’art), qui lui ouvre le marché des entreprises du patrimoine vivant (EPV), soit des TPE.
L’activité n’est vraiment repartie qu’à partir du début de cette année. « Depuis deux mois, on sent une vraie accélération : une trentaine de missions sont en cours contre 3 il y a un an » se réjouit le dirigeant. Il ne s’attend pas à une croissance explosive, le concept d’Oohee, lancée en 2018, a encore besoin de convaincre. « Quand on apporte un modèle nouveau, les entreprises ont besoin d’être mise en confiance avant de l’utiliser » reconnaît-il. Mais la croissance est encourageante.
Pour cela, il a fallu beaucoup de communication, notamment sur les réseaux sociaux, et obtenir d’être agréé au chèque relance export, ce qui n’a pas été facile. « Malheureusement, les conditions d’attribution sont très restrictives » déplore Etienne Poirot-Bourdain. Il regrette, par exemple, qu’à l’heure de la digitalisation accélérée des modes de prospection et de vente, le financement d’opérations telles que les campagnes via des influenceurs sur les réseaux ne puissent pas être pris en charge par cette subvention.
Une solution pour les compléments d’étude de marché
Reste que la plateforme, qui a multiplié les partenariats, y compris avec des sociétés de conseil et d’accompagnement à l’international, apporte des solutions à des besoins pour lesquels les TPE, voire les PME, ont du mal à trouver des réponses, d’autant plus en cette période de restrictions sanitaires qui bloquent ou entravent les déplacements.
Le modèle Oohee se présente comme une solution idéale lorsque les déplacements à l’étrangers sont contraints ou impossibles : d’un côté, une base de 12 000 à 13 000 personnes inscrites situées dans 155 pays, avec des profils présentant des expertises variées, disposées à effectuer des missions ponctuelles courtes de toute sorte pour le compte d’entreprises; de l’autre des entreprises, souvent de petite taille, qui n’ont pas les moyens de financer ni les frais de déplacement d’un salarié, ni le coût d’un consultant spécialisé pour effectuer des missions légères.
Trouver un local de 50 m2 à Sydney, faire un relevé de prix, aller voir de quoi ont l’air les produits d’un concurrent local dans le rayon d’un supermarché d’Europe de l’Est, effectuer une visite mystère dans le local d’un partenaire, assurer l’accueil des clients sur un salon à l’étranger…
« Nous avons même un cas aux Etats-Unis où la mission consistait à aller acheter un matelas dans un magasin et à l’expédier en France », précise Etienne Poirot-Bourdain. « Mais la tendance, ce sont tout de même des missions qui viennent en complément d’études de marché » complète-t-il.
Pour chaque demande d’une entreprise, Oohee recherche dans la base les profils du pays les plus adaptés pour répondre. « Pour le local à Sydney, on a confié la mission à une personne qui avait travaillé dans l’immobilier » précise le fondateur. La plateforme joue les tiers de confiance, un partenariat une société de portage salarial suisse, permet de sécuriser contrats et paiements pour les deux parties. Prix de base d’une mission affiché sur la page d’accueil du site, 450 euros HT par jour.
Ne pas s’engager dans le conseil en stratégie
Après le gros trou d’air du confinement, l’optimisme est donc revenu. Les entreprises commencent même à solliciter la plateforme pour du conseil plus poussé, terrain sur lequel Oohee ne veut pas s’engager.
« Ce n’est pas notre stratégie, nous ne sommes pas une société de conseil en stratégie » indique Etienne Poirot-Bourdain. Il se réjouit de voir qu’après un temps de méfiance, des sociétés d’accompagnement à l’international (SAI) commencent à utiliser la plateforme. A l’instar d’une SAI installée en Russie, qui utilisera les services d’Oohee pour monter une équipe d’accueil et de mise en relation sur un stand français lors d’un salon de produits bio en avril 2022.
En attendant, une deuxième version de la plateforme se prépare. Si le traitement des demandes de conseil sur tel ou tel profil resteront traitées manuellement, l’objectif est d’automatiser 70 % des fonctionnalités.
Christine Gilguy