Alors que les investissements dans les énergies renouvelables sur le continent africain ne sont pas à la hauteur des attentes, les projets se multiplient dans l’hydrogène, secteur à fort potentiel pour les pays africains pour leur consommation domestique mais aussi à l’export. Dans ce secteur d’avenir, les entreprises françaises placent leurs pions.
L’hydrogène vert a le vent en poupe. Bénéficiant des impératifs de décarbonation et des besoins des Européens de trouver des alternatives au gaz russe, le secteur devrait continuer à se développer dans les prochaines années alors que les investissements dans les énergies renouvelables en Afrique ont plongé de 35 % en 2021, selon un rapport du cabinet BloombergNEF, publié à l’occasion de la COP27, qui vient de se tenir à Charm el-Cheikh.
Pour atteindre une production annuelle de 30 à 60 millions de tonnes à l’horizon 2050, le cabinet Masdar estime entre 680 et 1 300 milliards de dollars (Md USD) les investissements nécessaires sur le continent aussi bien dans la production que dans les infrastructures pour la distribution et l’export. Les projets actuellement dans les tuyaux ne couvrent que 10 % des sommes nécessaires. C’est dire les opportunités qu’offrent l’or vert sur le continent.
Engie et Hydrogène de France déjà présents
En mai dernier, l’Afrique du Sud, l’Égypte, le Kenya, le Maroc, la Mauritanie et la Namibie ont lancé l’Africa Green Hydrogen Alliance avec pour objectif d’encadrer et de stimuler l’essor de l’hydrogène vert (politiques publiques, réglementations, certifications, financements…).
L’Afrique du Sud compte en produire 500 000 tonnes par an d’ici à 2030. En février dernier, son ministère des Sciences et des technologies (DSI) a publié la South African Hydrogen Society Roadmap (HSRM), une feuille de route incluant toutes les parties concernées (État, secteur privé, recherche universitaire et société civile) pour déployer cette énergie décarbonée à grande échelle.
Le gouvernement sud-africain a par ailleurs lancé, en partenariat avec Anglo-American, Bambili Energy et le français Engie, une étude de faisabilité pour la création d’une vallée de l’hydrogène entre Mokopane, Johannesburg et Durban. Engie a par ailleurs lancé avec Masdar fin 2021 une alliance stratégique de 5 Md USD pour soutenir l’économie de l’hydrogène vert aux Émirats arabes unis.
Toujours en Afrique du Sud, Hydrogène de France (HDF Energy), entreprise girondine qui développe des centrales électriques à hydrogène et des piles à combustible de forte puissance, a décroché en octobre dernier, via Eskom, la compagnie d’électricité sud-africaine, la location de 1782 hectares dans la province de Mpumalanga pour y développer plusieurs centrales à hydrogène vert. Evalué à 3 Md USD, cet investissement prévoit de déployer sur six sites différents 1500 MW de centrales photovoltaïques avec plus de 3500 MWh de « stockage d’énergie longue duré », principalement sous forme d’hydrogène.
En Namibie, un méga projet de 9,4 Md USD
Hydrogène de France est également active en Namibie voisine, où elle lancera à Swakopmund, en 2024, la première centrale à hydrogène d’Afrique. D’un montant de 181 M USD, le projet prévoit 85 MW de panneaux solaires qui alimenteront des électrolyseurs. La centrale devrait produire 142 GWh par an, soit l’équivalent de la consommation de 142 000 habitants de ce pays qui importe 40 % de ses besoins en énergie.
La Namibie a annoncé en 2021 un projet estimé à 9,4 Md USD qui devrait générer 2 gigawatts d’électricité renouvelable pour les marchés régionaux et mondiaux.
« Avec ses vastes quantités de ressources renouvelables à faible coût, le continent africain a naturellement le potentiel de devenir l’un des principaux exportateurs d’hydrogène à faible émission de carbone, et en même temps construire les premières économies et sociétés fondées sur l’hydrogène », estime Allianz dans un récent rapport sur les énergies renouvelables en Afrique.
Principal atout de l’hydrogène vert produit sur le continent, son coût de production bas : il pourrait avoisiner 2 USD par kilo d’ici à 2030, selon l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) d’ici à 2030 et jusqu’à 1,5 USD par kilo dans certaines parties de l’Afrique du Sud, de la Namibie, du Botswana, ainsi que de l’Égypte, de la Libye, du Soudan et du Tchad. Un gain considérable par rapport au coût actuel d’environ 7,35 USD.
Sophie Creusillet
Pour consulter l’étude de Masdar sur les perspectives de l’hydrogène vert en Afrique, cliquez ci-dessous.