Dès son premier discours, Raúl Castro a scandé : « Assez de triomphalisme ! », comme pour s’inscrire en faux avec le radieux slogan de son frère Fidel : « Vamos bien » (« Nous allons bien »). Officiellement, la croissance a atteint le record de 12,5 % l’année dernière, après 11,8 % en 2005. Mais son mode de calcul fait débat, car les autorités cubaines évaluent désormais les services publics, notamment de santé, en fonction de la valeur du marché et non du coût.
L’Economist Intelligence Unit (EIU) évoque une croissance réelle de 9,5 % en 2006 et prévoit un ralentissement progressif : environ 7 % cette année et 4,5 % en 2010. Mais ces taux donnent une vision tronquée de l’état de l’économie. Le déficit de la balance commerciale a presque doublé en deux ans, à 7 milliards de dollars l’année dernière (9,4 milliards d’importations pour 2,4 milliards d’exportations), surtout en raison des achats énergétiques au Venezuela.
En outre, la dette de Cuba, exclue des institutions financières mondiales, atteindrait entre 15 et 20 milliards de dollars. La dynamique touristique, levier de la croissance du pays, s’essouffle au profit de la République dominicaine voisine. « C’est dommage car Cuba a plus d’authenticité et possède la deuxième plus belle barre de corail au monde après l’Australie », déplore un connaisseur. Si le tourisme était mieux géré, l’archipel attirerait 4 millions de visiteurs par an, le double d’aujourd’hui.
Hubert Weil