Le Covid-19 a frappé de plein fouet le secteur privé des Émirats arabes unis (EAU). Une contraction de 3,5 % y est annoncée cette année par le Fonds monétaire international (FMI), en raison de l’effondrement des prix du pétrole et du confinement mondial, qui pénalisent le commerce et le transport.
Deux enquêtes du French Business Council Dubai & Northern Emirates et du French Business Group Abu Dhabi montrent à quel point leurs entreprises membres sont inquiètes sur l’avenir. La plus récente, réalisée entre le 14 et le 22 avril auprès de 100 entreprises avec l’appui des Conseillers du commerce extérieur (CCE), met l’accent sur les problèmes de trésorerie et la baisse de leurs ventes.
Un risque élevé de trésorerie
De fait, plus de la moitié, 52 % exactement, des répondants prévoient un risque élevé de trésorerie et 27 % l’attendent d’ici juin. En revanche, près des trois quarts, 73 % exactement, estiment que le risque de faillite est faible.
S’agissant de leurs chiffres d’affaires, la plus grande proportion des entreprises, 44 % exactement, pensent que d’ici la fin de l’année l’impact variera entre 5 et 30 %. Il sera plus élevé, de 31 à 60 %, pour encore 32 %. Au-delà, on trouve enfin 10 % des répondants.
Le report et l’annulation des commandes
La seconde enquête a été réalisée entre le 10 et 12 mars auprès de 53 responsables sociétés, dont 56 % françaises et 32 émiratis, 32 % de ces entreprises, au demeurant, livrant essentiellement dans la région (dans le Golfe, 26 %, et dans les EAU) et peu dans le monde (2 %).
Sur le plan financier, le premier impact du Covid-19 pour 64 % des répondants est le report de commandes, devant l’annulation pure et simple avec 51 % et l’allongement des délais de paiement aux clients, avec 47 %. Sur le premier semestre, 43 % déclarent qu’ils n’ont aucune visibilité et 40 % que leur activité va baisser. Du coup, 70 % ont dû arrêter leurs activités de promotion, 66 % les voyages à l’intérieur et à l’extérieur des EAU, mais, pour autant, ils ne sont que 23 % à connaître des difficultés pour exporter.
Plus de flexibilité au travail
Si l’on peut trouver des côtés positifs à cette situation sans précédent, les trois principaux sont une amélioration dans la flexibilité du travail, l’apprentissage du management de crise et la diversification des sources d’approvisionnement.
Enfin, en ce qui concerne la reprise de l’activité, 32 % assurent ne pas savoir, alors qu’un quart prédit qu’elle interviendra au mieux en juin. Les faits pourraient leur donner raison. Premier pôle économique des EAU, Dubaï vient d’engager son déconfinement, ce qui rétablit le droit à circuler en ville pendant la journée ou de rendre dans les gigantesques malls de l’émirat.
En matière de distribution, l’e-commerce est le grand gagnant de la crise, avec une hausse de 150 % des services offerts aux consommateurs dans les EAU ces deux dernières semaines, d’après l’Autorité de régulation des télécommunications (TRA).
Report des grands événements et plan de relance
Dubaï a d’ores et déjà annoncé les nouvelles dates de ses grands évènements comme le salon de l’aéronautique, qui se tiendra ainsi du 26 au 28 octobre prochains, et l’exposition universelle Expo Dubai, que le Bureau international des expositions (BIE) souhaite reporter du 1er octobre 2021 au 31 mars 2022.
Surtout, les EAU ont annoncé un plan de relance d’un montant de 74,4 milliards de dollars, qui représente 19,4 % du produit intérieur brut (PIB). Une aide bienvenue pour soutenir le système financier et apporter des liquidités au secteur privé.
Francois Pargny