L’entreprise familiale de la métropole lilloise fournit les drapeaux des plus grands événements sportifs. Ce qui ne l’empêche pas de livrer à l’unité. En 2012, la PME nordiste fabriquera les 14 000 drapeaux officiels des prochains JO de Londres. Un succès qui s’explique en partie par la mise en place, depuis Atlanta en 1996 — date des premiers JO de Doublet — d’une base de données unique des coloris, validée par tous les pays.
Tout commence en 1932 avec une arrière-grand-mère qui reprend un petit atelier lillois d’ornements et de vêtements religieux. Peu à peu, l’entreprise transforme ses chasubles en drapeaux.
En 1974, son petit-fils, Luc, reprend les rênes. Et commence à développer le concept de « bannière » en proposant une large gamme de produits et services pour la communication visuelle et l’événementiel. Les métiers se multiplient : confection textile, impressions sur tous supports, fabrication de structures métalliques (mâts, podiums, gradins, mobilier urbain), négoce de produits, logistique événementielle… Grâce à son bureau d’études, la PME fournit des prestations globales (produits et services) clés en main.
Multi-produits, multi-marchés, multi-clients : la diversité des activités a permis à Doublet de passer entre les mailles de la crise. Ses dernières pertes remontent à 2003 (les précédentes dataient de 1993), tandis que son chiffre d’affaires continue de progresser. Hormis la sérigraphie, toute la production est réalisée à Avelin, près de Lille. « Quand on utilise l’intelligence, on ne fabrique pas plus cher qu’en Asie. D’ailleurs, nous vendons en Pologne, un autre pays à bas coût, des gradins fabriqués en France », aime répéter Luc Doublet, qui a passé la main à ses trois enfants (Agathe, Gaëlle et Jean-Bernard) en 2009.
L’extension internationale débute à la fin des années 1970. Très vite, les métiers de l’entreprise l’obligent à envisager une présence locale. « La réactivité induite par l’activité événementielle nous contraint à avoir des filiales dans les pays visés », note Manuel Dubois, le directeur administratif et financier. En 1984, Doublet s’implante aux États-Unis. Aujourd’hui, sa filiale génère 20 % de l’activité globale. Depuis, l’entreprise s’est installée en Espagne (1990), en Pologne (1993), au Portugal (2001), en Allemagne (2007) et au Royaume-Uni (2009). Entre-temps, les filiales belge et australienne ont été fermées.
Reprise ou création, chaque ouverture de filiale est une histoire différente. « Le rachat coûte plus cher, mais permet d’aller plus vite », note Agathe Doublet-Delpierre, la présidente du directoire. Enfin, en théorie : à cause de malversations de ses partenaires, Doublet a dû repartir à zéro en Espagne et en Pologne. Comme l’on apprend de ses erreurs, la création des filiales allemande et anglaise a été très rapide. Des croissances externes sont d’ailleurs localement à l’étude.
Le grand export est maintenant en ligne de mire. Avec l’organisation de la coupe du monde de football (2014) et les JO de 2016, le Brésil sera la prochaine cible de Doublet. D’autant que le responsable de la filiale espagnole connaît bien ce pays pour y avoir longtemps travaillé. « Une aubaine, car trouver le bon manager est la clé du succès à l’international », rappelle Agathe Doublet-Delpierre.
Thierry Butzbach