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Guide business Tunisie 2019 : relations bilatérales

L’Hexagone entend rester le premier investisseur étranger en Tunisie, Emmanuel Macron ayant fixé comme cap de doubler le stock actuel. Un défi de taille, qui passe par la coproduction. Car sur le plan commercial, la France est désormais rattrapée par la Chine et devancée par l’Italie.

 

Le 23 mars dernier, le constructeur automobile chinois Geely lançait à Tunis son modèle GC6. Un mois auparavant, le 27 février exactement, le ministre tunisien du Développement, de l’investissement et de la coopération internationale, Zied Laâdhari avait signé des mémorandums d’entente pour des études de faisabilité avec deux groupes chinois, China North Industries Corporation (Norinco) et China Railway Construction Corporation (CRCC) portant sur des projets à réaliser sous forme de partenariat public-privé (PPP) : cité sportive à Sfax, lignes de métro léger dans la ville de Nabeul (nord-est), liaison ferroviaire entre Gabès et le port de Zarzis (sud), etc.

 

La Chine se rapproche des deux leaders, l’Italie et la France

De grands projets à suivre par les entreprises françaises et, surtout, des accords conclus quelques mois après l’adhésion officielle de la Tunisie à l’initiative chinoise One belt one road de « nouvelle route de la soie ». C’était le 11 juillet 2018, un événement qui ne pouvait pas passer inaperçu.

Certes, l’Europe, la France notamment, deuxième fournisseur après l’Italie et premier investisseur étranger, domine encore largement le marché tunisien, mais la Chine, tout comme la Turquie, émergent.

L’ex-Empire du Milieu a ainsi été en 2018 le troisième fournisseur du pays du jasmin, avec 1,68 milliard de dollars (Md USD), devançant de peu l’Allemagne (1,34 Md USD), et dans un mouchoir de poche, la Turquie, l’Espagne, l’Algérie, les États-Unis. Elle se rapproche vite des deux leaders, l’Italie (2,77 Md USD), et la France (2,52 Md).

« Le premier déficit commercial de la Tunisie, c’est avec la Chine. Son premier excédent commercial, c’est avec la France », constate Franc Secula, le chef des Services économiques à Tunis. D’après les Douanes françaises, la France a importé pour 4,45 Md EUR et exporté pour 3,31 Md EUR (à 22 % du matériel électrique et à 15 % de la mécanique et des matières plastiques). Soit un déficit de plus de 1,1 Md en 2018.

 

Doubler les investissements français

Le 14 février 2019 à Paris, Agnés Pannier-Runacher, la secrétaire d’État auprès du ministre français de l’Économie et des finances, a rappelé que le Président Macron, durant son voyage officiel à Tunis en janvier 2018, avait demandé que les investissements de l’Hexagone doublent à 2,8 Md EUR d’ici à 2020 et que l’Agence française de développement (AFD) apporte un milliard d’euros.

Lors de cette visite officielle, l’AFD a signé pour un plus de 103 millions d’euros (M EUR) d’engagements dans l’amélioration de l’accès à des services de qualité pour les habitants de la région de Sidi Bouzid (76 M EUR) et l’innovation et le numérique pour accroître la qualité et l’efficience du système de santé (27,2 millions). S’y sont ajoutés des accords pour développer l’activité commerciale du transport international, une Université franco-tunisienne pour l’Afrique et la Méditerranée, ainsi que des projets financés par le mécanisme de conversion de dettes, comme l’hôpital de Gafsa.

 

Promouvoir le codéveloppement

En recevant au Sénat le Premier ministre tunisien Youssef Chahed, en visite officielle du 13-15 février 2019, Jean-Pierre Sueur, qui préside le groupe interparlementaire d’amitié France-Tunisie, a insisté sur « les vrais investissements » à réaliser en cotraitance ou codéveloppement. « La France doit faire de la Tunisie son partenaire industriel », a insisté Youssef Chahed.

D’après l’étude « Identification anonyme de gazelles en Tunisie pour la coproduction » publiée le 23 avril par l’Institut de prospective économique du monde méditerranéen (Ipemed), « plus de 240 gazelles tunisiennes pourraient bénéficier d’une politique de coproduction dans l’industrie ».

Au-delà des bonnes intentions, il y a la réalité : la corruption, la congestion du port de Radès, l’inertie administrative. Des handicaps que la Tunisie devra gommer si elle veut se hisser parmi les 50 pays les mieux classés pour leur environnement des affaires dans le classement Doing Business de la Banque mondiale (80e/ 190 dans l’édition 2019).

La France dispose d’un bataillon de 1 300 entreprises sur place, représentant 140 000 emplois, répartis dans des secteurs aussi différents que le textile (Proxy-Decathlon, Damartex…), l’électronique (Zodiac Nautic, Sagemcom…), le numérique (Vocalcom, Altran, Téléperformance…), l’aéronautique (Stelia, Figeac Aéronautique…) ou l’automobile (Plastivaloire, Lacroix Electronics, Valeo, Faurecia…).

Par ailleurs, les filières industrielles tunisiennes sont loin d’avoir achevé leur modernisation, que ce soit l’agroalimentaire, la chimie, la métallurgie et la sidérurgie, le bois, le papier ou l’énergie. Il en est de même des secteurs d’excellence à l’exportation, comme le pôle textile-habillement-cuir-chaussure et l’industrie mécanique et électrique.

« Les sociétés françaises sont bien placées pour en profiter. Depuis la révolution du jasmin (2011), aucun de nos 140 membres français n’a quitté la Tunisie », a confié au Moci Habib Gaïda, le directeur général de la Chambre tuniso-française de commerce et d’industrie (CTFCI).

Mais aujourd’hui si les entreprises françaises déjà implantées en Tunisie continuent à investir, les nouvelles sociétés sont rares à s’établir, à l’instar de Vernicolor, un spécialiste des composants plastiques pour l’automobile. Son usine à El Fejja (Manouba), qui ouvrira en septembre, représente un investissement de 8 M EUR et la création de 600 emplois. Une bonne nouvelle. Mais il en faudra sans doute d’autres pour relancer la Tunisie.

François Pargny

 

 

L’Union européenne, partenaire incontournable

A la veille de la réunion du Conseil d’Association de l’Union européenne (UE) avec la Tunisie, le 17 mai 2019, l’UE indiquait qu’elle restait le premier partenaire commercial de la Tunisie. En 2018, le pays du jasmin a ainsi réalisé avec les Vingt-Huit les trois quarts de ses exportations globales et plus de la moitié de ses importations. L’UE demeurerait aussi le premier investisseur étranger de la Tunisie, avec plus de 85 % des investissements directs étrangers (IDE) et plus de 3 000 entreprises européennes employant quelque 300 000 personnes.

 

Plastiques, maritime : deux initiatives françaises

En mars 2019, le Cluster maritime français, créé en 2006 à l’initiative de l’Institut français de la mer, a poussé à la fondation du Cluster maritime tunisien, qui compte 23  membres, dont les français CMA-CGM et le chantier naval CMR Tunisia Ship Repairs. De son côté, la Chambre tuniso-française de commerce et d’industrie (CTFCI) a appuyé la constitution du Groupement tunisien des industries plastiques (GTIP).

« À 99 %, les entreprises du groupement sont françaises – 25 lors de l’Assemblée générale constitutive le 2 mai – mais nous visons le double en ouvrant notamment aux Italiens et aux Allemands. Notre objectif, précise Habib Gaïda, le directeur général de la CTFCI, est de travailler sur la formation, par exemple avec le Centre professionnel tunisien de formation en soudure, de créer des synergies en matière d’achats, de développer l’innovation et de rechercher des solutions avec les autorités publiques pour la gestion et le traitement des déchets industriels ». 

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