Pour qui est familier de l’Afrique, l’intervention, le 2 juillet, lors d’un séminaire d’Ubifrance sur la Birmanie, d’Yves Guicquero, directeur adjoint du département Asie de l’Agence française de développement (AFD), avait de quoi laisser rêveur. « L’Asie serait-elle décomplexée par rapport à l’Afrique », s’est interrogée le responsable Asie d’un groupe de construction de l’Hexagone, à l’issue d’une réunion à laquelle la Lettre confidentielle était le seul support d’information présent.
Le responsable de l’AFD a, en effet, évoqué la diplomatie économie pour expliquer le souci de sa maison de faciliter l’activité des entreprises françaises en Asie. Interrogé par la LC, Yves Guicquero a répondu que « l’Asie est un peu pionnier dans les zones émergentes ».
Des propos qui tranchent avec ceux tenus jusqu’à présent par ses collègues en Afrique, qui, quand on leur parle de « retour de l’aide publique au développement pour les entreprises françaises », se retranchent derrière leur mission au service du développement ou, au mieux, expliquent que la RSE (responsabilité sociale des entreprises) n’étant pas respectée par les concurrents d’Asie, chinois notamment, les entreprises françaises peuvent bénéficier d’un avantage pour remporter des affaires.
Or, Yves Guicquero a, lui, clairement indiqué que l’AFD en Asie « cible des secteurs d’excellence de la France » et que « pour favoriser les entreprises avec une expertise », notamment françaises, il est possible de privilégier les appels d’offres avec des lots importants, plutôt qu’avec « des petits lots qui demandent moins de technicité ».
S’agissant de la Birmanie, l’AFD, qui y engage trois millions d’euros par an, « est en attente de l’accord de l’État pour pouvoir intervenir sous forme de prêt », a-t-il expliqué. La décision pourrait être prise lors du Comité interministériel de la coopération internationale et du développement (Cicid) du 3 juillet. Auquel cas les interventions de l’agence pourraient grimper jusqu’à 30 millions d’euros par an. En Birmanie, l’AFD a jusqu’alors opéré dans la santé, l’agriculture, l’eau et l’assainissement. Dans ces secteurs, la France est déjà présente dans la région, avec l’Institut Pasteur ou le Centre de coopération internationale en recherche agronomique (Cirad).
François Pargny