Les engagements pris par les Etats pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) reposent sur une méthode dite des inventaires qui les associe à la production d’un territoire. En utilisant la notion d’empreinte carbone l’Insee vient de publier une analyse qui en prend en compte les GES incorporés dans les importations et les exportations. Et donne une idée du chemin à parcourir pour atteindre la neutralité carbone.
Les GES ne s’arrêtent pas aux frontières. Pour mesurer l’empreinte carbone des principales économies mondiales, les statisticiens de l’Insee ont retranché de l’inventaire les gaz émis pour produire des biens exportés et ajouté ceux liés à la production à l’étranger de biens importés. Résultat : un tiers de l’empreinte carbone de l’Union européenne et un quart de celle des Etats-Unis sont dûs à leurs importations.
A l’inverse de la Chine, dont l’économie est moins tertiarisée, l’UE et les Etats-Unis sont importateurs nets de GES, mesurés en tonnes équivalent CO2 (téqCO2). « Dans l’ensemble de l’UE à 27, en 2018, l’inventaire (9,2 téqCO2 par habitant) est inférieur à l’empreinte carbone (11,0 téqCO2 par habitant) car les GES exportés (3,3 téqCO2 par habitant) sont moindres que les GES importés (5,1 téqCO2 par habitant) », précise l’Insee.
La France représente 1,3 % de l’empreinte carbone mondiale
Du fait de l’importance du nucléaire dans la production d’électricité, la France occupe une place à part : elle exporte la moitié des GES émis sur son territoire et « en miroir, la part des GES importés dans l’empreinte carbone (hors émissions directes des ménages) est plus élevée qu’ailleurs, autour des deux tiers ». Elle représentait, en 2018, 1 % de l’inventaire et 1,3 % de l’empreinte mondiale, loin derrière l’Allemagne (2,1 % et 2,6 %) dont l’activité industrielle induit des émissions plus importantes.
Dans l’UE comme aux Etats-Unis, les émissions sont inférieures à leur poids économique, mesuré par leur parité en pouvoir d’achat. En revanche, celles de la Chine, qui représentent un quart du total mondial, excèdent son poids démographique et son poids économique. Malgré un ralentissement à partir de 2014, elles ont triplé en entre 2000 et 2018 et l’empreinte carbone d’un Chinois atteint désormais 39 % de celle d’un Américain.
La neutralité carbone en 2050, un objectif irréaliste ?
Sur la même période, les émissions mondiales ont augmenté de moitié, deux fois plus vite que la population. Face à l’urgence climatique, la France s’est engagée à atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050 et les réduire ses émissions de 55 % en 2030 par rapport à leur niveau de 1990. Soit une baisse annuelle de 5,8 % entre 2022 et 2030.
« Atteindre des émissions nettes de 0 en 2050 en supposant l’objectif en 2030 atteint est cohérent avec une baisse de ses émissions de 5,5 % chaque année de 2031 à 2050, estime l’Insee qui souligne néanmoins que « la marche est haute : le rythme de baisse a été de 0,8 % par an sur 1990-2021 et de 1,7 % sur 2005-2021 ».
Sophie Creusillet
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