L’Observatoire du Conseil national du cuir vient de publier les résultats du commerce extérieur de ce secteur, qui cartonne à l’international avec des exportations en hausse de 22 % en 2022. La Chine, qui était devenue le premier acheteur international des produits français en 2021, rétrograde en deuxième position derrière les États-Unis, et devant l’Italie et Singapour.
Les ventes internationales de produits en cuir français connaissent depuis deux ans une embellie salutaire après une 2020 compliquée. Outre une balance commerciale positive, les exportations ont bondi de 23 % en 2021 et 22 % l’an dernier pour atteindre 18 milliards d’euros (Md EUR), soit le double des résultats enregistrés en 2015.
Avec 6,3 % des exportations mondiales, la France conforte sa position de quatrième acteur sur le marché international.
La filière est dominée par la maroquinerie (67 % des ventes) et la chaussure (28 %) tandis que les matières premières ne représentent que 3 % et la ganterie et les vêtements 2 %.
La tannerie très dépendante de son client italien
Dans le détail, les exportations de cuirs et peaux bruts ont augmenté de 5 % en 2022 après avoir bondi de 39 % l’année précédente. Ce secteur est largement excédentaire, avec un taux de couverture de 167 %.
Les peaux exportées le sont à 89 % à destination de l’Europe, Italie en tête. Au grand export, la Chine est le principal acheteur malgré une baisse des ventes de 7 % en 2022 en raison des la politique zéro-Covid. Les acheteurs chinois sont cependant revenus sur le devant de la scène internationale depuis le début de l’année, précise l’Observatoire.
Dans la tannerie-mégisserie, les exportations ont augmenté de 17 %, après avoir progressé de 21 % en 2021. Si celles-ci avaient décroché de -38 % pendant la pandémie, on constate donc une nette amélioration, même si les ventes à l’étranger sont encore en repli de 13 % par rapport à 2019.
L’Italie étant le plus gros client des producteurs français, la filière est dépendante des variations de sa demande. Les ventes italiennes se sont en effet effondrées de 45 % en 2019 et de 21 % en 2020 avant de repartir à la hausse en 2021 (+ 37 %) et 2022 (+ 11 %).
La maroquinerie, secteur phare
Depuis 2010, les exportations françaises de chaussures avaient progressé à un rythme soutenu d’environ 10 % par an. Une évolution interrompue en 2020, avec le ralentissement de la demande mondiale liée à la pandémie. En 2021, les exportations ont recommencé à croitre (+ 15%) et ont bénéficié d’un essor encore plus important en 2022 (+26 %).
Les ventes sont majoritairement européennes. En volume, les plus gros clients de la France sont l’Espagne (26 millions de paires), l’Italie (21 millions), l’Allemagne (16 millions) et la Pologne (12 millions). Néanmoins, les ventes en dehors de l’Europe ont progressé de 28 %.
Mais à l’international, le secteur roi demeure celui de la maroquinerie et fait de la France le 3e exportateur mondial. Les échanges de ce secteur sont toujours largement excédentaires. Le montant des exportations (12,1 Md EUR) représente presque le triple de celui des importations (4,3 Md EUR). Les exportations françaises représentent 15,5 % des exportations mondiales et ont augmenté de 21% par rapport à 2021.
Ces exportations se répartissent entre l’Asie (52 % des ventes), l’Europe (30 %) et l’Amérique (18 %). Sur ces trois continents, les ventes ont respectivement progressé de 14 %, 26 % et 35 %.
Les groupes de luxe investissent dans la production en France
La publication de ces résultats intervient 24 heures après l’annonce du placement en redressement judiciaire de Clergerie, l’un des derniers fabricants français de chaussures aux côtés de Weston, Heschung, Repetto et Paraboot. L’entreprise de Romans-sur-Isère n’a pas survécu à la baisse drastique de ses ventes internationales, en particulier en Chine, enregistrée depuis le début de la crise sanitaire.
A contrario, les grandes entreprises du luxe à la française ont récemment multiplié les ouvertures de nouveaux ateliers en France. LVMH en a ainsi inauguré quatre en 2022 et en compte désormais 20. De son côté, Hermès a annoncé en mars 2022 la construction de deux nouvelles maroquineries, l’une en Charente en 2025 et l’autre en Gironde en 2026, portant à 24 le nombre d’ateliers de l’entreprise dédiés à la maroquinerie.
Sophie Creusillet