Dimanche dernier, la grande banque commerciale américaine JPMorgan Chase a racheté à très bas prix la banque d’affaires américaine Bear Stearns, menacée de faillite, pour environ 236 millions de dollars. Réunis lundi 17 mars à l´occasion d´une conférence conjointe de leurs institutions à Paris sur les réformes structurelles en Europe, le secrétaire général de l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE), Angel Gurria, et le patron du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn ont estimé à ce sujet que la crise va durer « longtemps » avec des « conséquences graves », et que les autorités doivent tout faire pour éviter un effondrement du système financier afin d’éviter des « risques systémiques » et une panique des marchés.
En Europe où les marchés boursiers perdaient entre 2 et 3% à la mi-journée, les banques sont très secouées. Pourtant, selon les analystes du spécialiste de la gestion de patrimoine Raymond James, les mécanismes qui ont mis la banque britannique Northern Rock puis Bear Stearns en difficulté sont toujours actifs et faute d’un bilan fiable et exhaustif de l’ampleur des pertes il est « difficile de restaurer la confiance vis-à-vis du système ».
Dans un tel contexte, Dominique Strauss-Kahn a indiqué que « les gouvernements et les citoyens devraient aussi être intéressés par les réformes qui peuvent promouvoir la croissance sans risques inflationnistes », et en particulier mettre en œuvre « le genre de réformes du marché du travail ou des produits dont nous parlons à cette conférence ». Le patron du FMI a jugé qu’il était nécessaire de « créer les conditions pour de nouveaux emplois plutôt que de seulement protéger les emplois déjà existants ». Dans le domaine des produits, « nous devons ouvrir les services à la concurrence de la même façon que les industries qui produisent des biens manufacturés le sont déjà », a-t-il noté, précisant que « la productivité dans certains biens non échangeables reste à la traîne » a-t-il ajouté.
« Des réformes visant l’égalité des opportunités et augmentant les recours peut mener à des bénéfices importants pour les consommateurs, notamment dans les domaines du transport aérien ou des téléphones portables ». En matière fiscale, « la difficulté sera de réformer d’une manière qui incite plus à travailler », en « réduisant par exemple les charges sociales lorsque cela encourage l’emploi », a conclu Dominique Strauss-Kahn.