Alassane Ouattara, reconnu par la communauté internationale président élu de Côte d´Ivoire depuis le 28 novembre 2010, a appelé à « la reprise progressive de l´activité économique et à un retour à une situation normale » lors d´un discours télévisé jeudi 7 avril au soir. Alors que son rival, le président sortant Laurent Gbagbo, refuse de « se plier au verdict des urnes » et de se rendre, Alassane Ouattara a décidé d’agir, car « l´entêtement du président sortant a plongé la ville d´Abidjan dans une crise sécuritaire et humanitaire grave ».
Le président Ouattara souhaite mettre fin à une situation de blocage. Les négociations diplomatiques pour une sortie pacifique du conflit avec l´Onuci (Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire) et la Cedeao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) ont échoué, et des « violations graves des droits de l´homme » du clan Gbagbo ont continué à cibler les civils, a t-il déclaré. Il a annoncé qu´un « blocus a été établi autour du périmètre de la résidence présidentielle de Cocody », où Laurent Gbagbo s´est « retranché avec des armes lourdes et des mercenaires ».
Parallèlement Alassane Ouattara souhaite sécuriser Abidjan, améliorer le quotidien des Ivoiriens et « alléger » le couvre-feu. Les habitants d´Abidjan « vivent enfermés chez eux (…) avec des difficultés quotidiennes de plus en plus insoutenables, que ce soit au niveau de l´approvisionnement en eau et en électricité, qu´en produits vivriers et en médicaments. » Il a demandé de sécuriser l´acheminement des vivres et des médicaments ainsi que les déplacements des civils.
Et pour remettre en route la locomotive économique du pays, Alassane Ouattara a donné trois directives. D´abord, la réouverture des agences de la Banque centrale des Etats de l´Afrique de l´Ouest (BCEAO) en Côte d´Ivoire : le gouverneur de la BCEAO a été saisi pour reprendre les opérations bancaires et « permettre le règlement des salaires et des arriérés de salaires dans les plus brefs délais. ». Deuxième demande : la levée des sanctions de l´Union européenne sur les ports d´Abidjan et de San Pedro « et sur certaines entités publiques, du fait du régime illégitime de Laurent Gbagbo », pour pouvoir reprendre les exportations de café et de cacao. Enfin, la troisième directive a été adressée au ministre des Mines et de l´énergie afin qu’il prenne « les dispositions pour la mise en route » de la Société ivoirienne de raffinage (SIR) afin d´assurer « un approvisionnement régulier du marché en gaz butane et en carburant. »
Ces mesures visent à rétablir un retour progressif à la normale et à « panser peu à peu les plaies de cette grave crise postélectorale », a déclaré Alassane Ouattara. « J´invite tous mes compatriotes à s´abstenir de tout acte de vengeance et de représailles ». Soulignant que « la Côte d´Ivoire est une et indivisible », et que d´ici cinq ans, ce sera « un grand pays ».
Alix Cauchoix