Pour contrer une concurrence internationale croissance, le pôle de compétitivité Cosmetic Valley compte profiter de la présidence française de l’UE (PFUE) pour intensifier son lobbying et emmener les PME tricolores au grand export sous la bannière européenne.
« Nous avons vécu sur une plus-value intellectuelle et culturelle à l’international, mais ces temps sont révolus et aujourd’hui, si le marché mondial continue de croître nous devons nous montrer combatifs pour que la part de la cosmétique française ne diminue pas » a résumé Marc-Antoine Jamet, président de Cosmetic Valley, lors de la présentation des enjeux du pôle pour 2022.
Sur un marché mondial estimé à 500 milliards d’euros (Md EUR) dont elle occupe 14 % de part de marché, le France a pourtant affiché en 2021 d’honorables performances à l’international. Elle demeure le premier exportateur mondial de parfums et cosmétiques avec 16 Md EUR estimés pour l’année 2021, dépassant ainsi le niveau de 2019.
La Chine, principal marché et concurrent local montant
La Chine reste depuis 2020 la première destination, suivie par les États-Unis et l’Allemagne. Ses commandes aux marques de beauté françaises ont ainsi bondi de 54 % sur les douze derniers mois (après + 21 % en 2020). En 2021, elle est devenue le premier acheteur des fabricants de mascaras et de soins tricolores l’an dernier, permettant à la filière de maintenir son rang de leader mondial, devant les Etats-Unis.
Cependant, l’engouement des Chinois pour les produits de beauté français, en partie du à un report de consommation à la suite des confinements du début de la crise sanitaire, ne peut faire oublier que l’empire du Milieu est également devenu un très sérieux concurrent sur son propre marché. Si le made in France continue de faire florès, cela n’a pas empêché les consommateurs de se tourner vers des marques locales qui ont aujourd’hui le vent en poupe.
Jouer la carte des VIE pour booster la filière tricolore à l’international
En Asie, les produits français ont aussi fort à faire avec la concurrence des marques sud-coréennes et taïwanaises. Bref, l’aura du fabriqué en France pourrait bien lentement mais sûrement finir par retomber comme un soufflet. Pour contrecarrer ces mouvements contraires dans un contexte sanitaire mondial toujours incertain, la filière souhaite se mettre en ordre de marche à l’international.
Le pôle de compétitivité s’apprête à envoyer bientôt un VIE (volontaire en entreprise) en Corée du Sud. Un dispositif qui va lui permet depuis janvier de disposer d’une présence à Bruxelles. Depuis janvier, un VIE en poste dans le bureau de la représentation de la Région Centre Val-de-Loire, où est situé le pôle (à Chartres, dans l’Eure-et-Loir).
Un programme européen taillé pour le grand export
Alors que la France vient de prendre la présidence de l’UE, sa mission sera de structurer une dynamique interrégionale, d’orienter les entreprises vers les programmes de recherche et de permettre aux PME d’aller à l’international sous l’égide de l’Europe via le Global Cosmetics Cluster que Cosmetic Valley coordonne depuis plusieurs années et qui réunit une quinzaine de clusters du monde entier.
Les six membres européens ont lancé en 2021 Global Cosmetics Cluster-Europe*. Ce programme permet, grâce au dispositif européen Cosme, de financer des actions directement menées par les clusters européens pour propulser leurs PME sur cinq marchés cibles (Mexique, Corée du Sud, États-Unis, Inde, Emirats arabes unis).
Alors que l’image de la cosmétique française se résume souvent à quelques marques emblématiques auprès des consommateurs internationaux, ce secteur bénéficie d’un réseau de petites entreprises dont les capacités d’innovation sont un atout indéniable sur un marché mondial de plus en plus concurrentiel. Les 3200 entreprises membres de Cosmetic Valley sont en effet à 80 % des PME.
Sophie Creusillet
* Les autres clusters européens partenaires du Global Cosmetics Cluster sont : AEBB (Portugal), Beauty Cluster Barcelona (Espagne), IKMIB (Turquie), Polo della cosmesi (Italie), Transylvania Lifestyle Cluster (Roumanie).
