La Mission économique à Séoul organise des rencontres d’affaires du 6 au 9 juin entre acteurs français du nucléaire et donneurs d’ordres sud-coréens. Malgré le désastre de Fukushima, Séoul maintient en effet son cap nucléaire.Or, les équipementiers français sont très peu présents sur le marché nucléaire de Corée du Sud, au contraire de leurs concurrents américains et japonais. « Les Sud-Coréens sont pourtant demandeurs de solutions technologiques nouvelles ou de substitution, révèle Sylvain Rémy, responsable du pôle industrie à la Mission économique à Séoul. Ils voudraient que les acteurs français du nucléaire soient présents, afin de mettre en concurrence leurs équipementiers ». C’est la raison pour laquelle ces rencontres d’affaires sont organisées.
Alors que le Pays du matin calme ambitionne toujours d’exporter son savoir-faire nucléaire, « les industriels coréens vont devoir répondre à des normes nucléaires différentes. Pour cela, ils devront rechercher des collaborations avec des sous-traitants étrangers familiarisés avec ces normes ». Les grands donneurs d’ordres coréens tels que KNHP (le maître d’œuvre des centrales coréennes), Doosan ou Hyundai Heavy Industries ont manifesté leur intérêt pour les rencontres.
Prévue avant la catastrophe qui a frappé la centrale japonaise de Fukushima, la mission française a été maintenue. Séoul a en effet martelé à plusieurs reprises son intention de ne pas modifier ses plans concernant son nucléaire civil. Son projet de construction de 12 nouveaux réacteurs d’ici à 2022 reste inchangé.
« Nous ne pouvons pas abandonner notre politique nucléaire : nous devons poursuivre notre croissance et nous n’avons pas d’autre source d’énergie », expliquait dès le 11 avril le Premier ministre, Kim Hwang-sik. « L’énergie nucléaire est le seul moyen dont nous disposons pour maintenir la compétitivité économique du pays », renchérissait deux semaines plus tard Choi Joong-kyung, le ministre de l’Économie. Les anti-nucléaires sud-coréens ont certes donné de la voix depuis Fukushima. Cependant, privés de représentation politique, leur influence sur les décisions énergétiques de Séoul est très faible.
La Corée du Sud n’a pas de ressources naturelles et importe 97 % de son énergie. Elle a donc fait le choix du nucléaire. Ses 21 réacteurs produisent environ 31 % de l’électricité, dont la consommation est en augmentation constante. De fait, en 1990, le nucléaire représentait encore 49 % de son électricité. En ce qui concerne ses exportations de nucléaire civil, sur lesquelles la Corée du Sud place de grandes ambitions depuis qu’elle a ravi à la France un important contrat aux Émirats Arabes Unis en décembre 2009, l’avenir est beaucoup plus incertain. L’accident de Fukushima devrait doucher l’enthousiasme de nombreux pays qui souhaitaient acquérir des centrales. L’électricien sud-coréen Kepco a cependant assuré que son objectif d’exporter 10 réacteurs d’ici 2020 était maintenu.
Selon un expert familier du dossier nucléaire sud-coréen (qui préfère conserver l’anonymat), les pays « entrants » ou les pays à risque sismique pourraient se rabattre sur les « petits » réacteurs, d’une capacité d’environ 300 MW, plus faciles à contrôler en cas d’accident. Or, la Corée du Sud développe actuellement un réacteur à eau pressurisé de ce type, surnommé Smart. Son développement devrait être achevé cette année. Le projet pourrait bénéficier d’un fort regain d’intérêt.
Frédéric Ojardias, à Séoul
Rencontre d’affaires du 6 au 9 juin
Co-organisées à Séoul par la Mission économique et le KAIF, l’association des industriels coréens du nucléaire, les rencontres d’affaires autour du secteur nucléaire du 6 au 9 juin comprendront des rencontres collectives, une visite d’installations, des séminaires et enfin des rendez-vous individuels organisés à l’avance. « Nous visons les équipementiers et fournisseurs du 1er ou 2e rang, tous ceux qui ont des solutions spécifiques ou des composants qu’ils veulent proposer aux industriels coréens », indique Sylvain Rémy, responsable du pôle industrie, qui estime que les entreprises françaises doivent viser des marchés « de niche ».
Contact : Mission économique à Séoul, sylvain.remyTél. : +82 2 563 1544