Avec l’entrée en vigueur en juillet de l’Accord de libre
échange (ALE) entre l’Union européenne (UE) et la Corée du Sud, et un taux de
croissance à 6,1 % en 2010, la
Corée du Sud devient un partenaire stratégique pour les entreprises
françaises. « Cet État est une porte d’entrée intéressante pour les
entreprises françaises, avant de s’attaquer aux géants japonais et
chinois » a affirmé Edouard Champrenault, directeur de la Chambre de commerce et
d’Industrie franco coréenne (FKCCI), lors d’une conférence le 18 mai à Paris
pour présenter ce marché attractif. Selon lui, « une expérience réussie
dans ce pays est une bonne carte de visite pour le reste de l’Asie ».
D’autant plus que la Corée offre des conditions très avantageuses pour attirer les investissements étrangers en mettant en place les FEZ, zones
économiques spéciales, comme celle de Daegu-Gyeongbuk Free Economic Zone (Dgfez).
Située dans la ville de Daegu, au Sud-est de la Corée, la Dgfez offre des réductions
sur les taxes et sur le loyer des entreprises, des subventions pour les
embauches et pour la formation d’employés coréens. Les principaux secteurs mis
à l’honneur sont ceux de l’énergie verte, de l’automobile, des technologies du
futur et de l’IT (robotique, équipements médicaux). Très bien desservie, la
zone est proche de deux aéroports et de quatre ports internationaux, et elle relie Séoul en 1h30 environ.
Selon la
FKCCI, la
Dgfez offre un « environnement idéal » pour les
entreprises étrangères qui souhaitent se développer à l’international, avec une main-d’œuvre
qualifiée et des conditions attractives pour le personnel étranger : école
internationale, universités, hôpitaux, évènements sportifs…Daegu accueillera d’ailleurs
les Championnats du monde d’athlétisme en aout 2011 et le World Energy congress
en 2013. C’est aussi une zone globale de R&D regroupant des instituts de
recherche (Center for energy) et de grands groupes tels que Dassault Systèmes,
Siemens ou Exxon Mobil.
La société française Dassault Systems, conceptrice de
solutions logicielles en 3D pour l’industrie, s’y est implantée en 2010 pour
travailler localement avec ce numéro un de la construction navale qu’est la Corée, et accéder aux
marchés industriels chinois et japonais. « Situé à une heure de tous les
centres de construction navale, Daegu dispose d’infrastructures très
satisfaisantes », estime Philippe Laufer, vice-président R&D chez
Dassault Systèmes. « Des partenariats sont en cours de négociation avec les
plus grosses entreprises coréennes : Hyundai, Samsung, Daewoo et STX. Nous
avons déjà embauché 20 ingénieurs locaux et décroché deux gros contrats.
Maintenant, nous voudrions nous diversifier dans l’industrie des jeux et du
textile », a-t-il expliqué.
Le contexte sud-coréen est porteur pour les Européens. 11ème puissance économique mondiale et 4ème
en Asie, la Corée
est numéro un dans les secteurs de la construction navale, des micros puces,
des téléviseurs et de l’accès internet haut débit. Les sociétés européennes y sont
les premiers investisseurs depuis 50 ans tandis que la Corée importe
majoritairement d’UE des produits manufacturés (machines, transport) et
quelques produits agricoles. Selon Raffaele Quarto, coordinateur des
politiques à la Commission
européenne, l’ALE aura un impact positif sur les échanges commerciaux
bilatéraux, notamment dans les secteurs des machines, de l’agriculture et de la
chimie. Il estime que l’ALE donnera une « meilleure crédibilité » de
l’UE en Asie. Et pour que les exportateurs puissent bénéficier des réductions tarifaires
qui entreront en vigueur avec l’ALE, ils doivent avoir le statut d’exportateur
agréé par les douanes, et devront faire une « déclaration
d’origine », informe Raffaele Quarto.
Et pour séduire toujours plus d’investisseurs étrangers, le
commissionnaire de la Dgfez,
In-chul Park, décrit son pays comme ayant « la qualité du Japon et le coût
de la Chine »,
en plus d’être un véritable hub vers l’Asie du Nord-est.
Alix Cauchoix