Sans surprise, les intentions de consommation des Européens sont en baisse, relève l’édition 2023 du baromètre de Cetelem. Fait nouveau, le ressenti de la hausse des prix touche également les classes sociales les plus aisées.
Finie la « résilience » ! Alors que, à peine un an après le début de la pandémie de Covid-19, un regain d’optimisme avait traversé l’Europe, l’ambiance est aujourd’hui au serrage de ceinture, inflation oblige. C’est ce qui ressort de l’étude de Cetelem réalisée auprès de 14 200 personnes dans 15 pays du Vieux Continent.
Les Européens sont pessimistes concernant la situation de leur pays, et leur moral est miné par un contexte politico-économique difficile.
Ainsi, la note sur une échelle de 1 à 10 pour décrire la situation de leur pays et celle concernant leur situation personnelle s’inscrivent toutes les deux à la baisse. À respectivement 4,9 points (-0,5 pt vs 2022) et 5,8 points (-0,4 pt vs 2022), elles retrouvent leur niveau de début de crise de la Covid-19. Les Français établissent la perception de la situation de leur pays à 5 points (-0,4 pt vs 2022) et la confiance envers leur situation personnelle reste relativement élevée à 6 points (-0,3 pts).
Crainte de pénuries
L’envie de dépenser reste globalement stable (51 %, -1 point) avec néanmoins une augmentation significative (+ 3 points) de personnes (1 Européen sur 4) qui n’ont ni l’envie et ni les moyens de dépenser. Les résultats mettent en exergue une consommation contrainte où les dépenses portent sur ce qui est nécessaire et indispensable à la vie quotidienne, quand bien même les prix augmentent. Le niveau réel de consommation, après une année de rebond post-Covid en 2022 (+3,3 %), stagnera en 2023 (0,1 %) sous cet effet de contrainte.
3 Européens sur 4 anticipent au moins une situation de privation dans leur pays dans les mois à venir, principalement dans l’énergie (électricité, gaz, essence). C’est en France (87%) et au Royaume-Uni (83%) que les craintes sont les plus fortes. 58 % des Européens redoutent d’être confrontés à une coupure d’électricité, et 6 Européens sur 10 de ne pas pouvoir payer leur facture d’électricité.
Cette peur de manquer gagne également l’alimentation. 55 % des Européens déclarent qu’ils pensent être confrontés à une pénurie de produits alimentaires dans les prochains mois. Néanmoins, cette anticipation de pénuries sur les produits alimentaires n’est pas forcément corrélée à l’inflation sur ce même type de produits. La Bulgarie, qui connaît l’une des plus fortes inflations (21,8 %) affiche l’un des plus faibles taux d’inquiétude (35 %) alors que la France, ayant la plus faible inflation alimentaire (10,6 %), se situe au-dessus de la moyenne globale.
L’inflation au cœur des préoccupations
Sans surprise, la hausse des prix est une réalité constatée par 90 % des Européens. Les Français, avec les Britanniques, ont le ressenti le plus faible sur la hausse des prix : ils sont 60 % à exprimer ce sentiment, soit 10 points en dessous de la moyenne… Sans doute en raison d’un taux d’inflation bien inférieur (7,1 % en France ; 9,6 % au Royaume-Uni) à celui de la zone euro (11,5%), du en grande partie au bouclier tarifaire mis en place par les gouvernements.
Ce ressenti sur la hausse des prix est plus vif chez les femmes que les hommes (respectivement 75% et 65%, soit 10 points d’écart), également chez les personnes de plus de 50 ans (78 % vs 60 % des 18-24 ans, soit 18 points d’écart), et contre toute attente, bien que moins marqué, chez les personnes aux revenus élevés (72 % vs 69 % chez ceux ayant de faibles revenus).
Effet d’un pouvoir d’achat aujourd’hui tendu, les intentions d’épargne (51%) reculent en moyenne de 0,3 point par rapport à 2022 avec seulement un tiers des 15 pays sondés affichant une volonté d’épargner : l’Allemagne, l’Autriche, la Roumanie, la Pologne et la Slovaquie.
Dans 7 pays, la volonté d’épargner est en baisse, avec des reculs proches de 10 points comme en Espagne (49%, – 9 points), en Italie (42%, – 9 points), en Suède (60%, – 9 points) et au Royaume-Uni (55%, – 8 points). Dans ces pays, l’heure n’est plus à la constitution d’un bas de laine, mais plutôt à faire face à une progression spectaculaire des prix alimentaires, comme en Espagne, ou à l’augmentation astronomique des factures d’énergie, tel au Royaume-Uni.
S.C.