Les pays de la zone euro figurent en bonne place dans le palmarès des plus fortes récessions anticipées cette année. Frappée de plein fouet par la crise sanitaire, l’économie globale de la zone euro, qui avait cru de +1,9 % en 2019, va enregistrer un recul de – 7,5 % cette année, vient d’annoncer le Fonds monétaire international (FMI).
Si les grandes économies de la zone euro, Italie et Espagne en tête (- 9,1 % et – 8 %), mais aussi France et Allemagne (- 7,2 % et -7 %), seront les plus impactées, la chute sera générale.
« Le Grand confinement : pire récession économique depuis la Grande dépression », titre des dernières Perspectives de l’économie mondiale du FMI en dit ainsi long sur l’état de la planète.
« Dans l’hypothèse où la pandémie et les mesures d’endiguement nécessaires atteindraient un pic au cours du deuxième trimestre pour la plupart des pays du monde, puis s’atténueraient au cours du deuxième semestre de cette année, nous prévoyons une contraction de 3 % ( du PIB mondial) en 2020 », explique Gita Gopinath, conseillère économique et directrice du département des Études du Fonds monétaire international.
L’analyse du FMI confirme une autre étude récente de l’assureur-crédit Euler Hermes, selon laquelle la zone euro est très impactée, l’Asie moins.
Les pays avancés frappés de plein fouet en 2020
Globalement, en 2020, la récession sera plus brutale dans les pays avancés (- 6,1 %) que dans les économies émergentes (- 1 %).
En Occident, outre la zone euro, toutes les grandes nations vont subir un choc économique avec une très forte récession, Royaume-Uni en tête avec – 6,5 % devant le Canada avec – 6,2 %, les États-Unis, avec – 5,9 %, et le Japon, avec – 5,2 %.
Ce ne sera pas beaucoup mieux dans le reste de l’Europe et en Amérique latine et dans les Caraïbes, avec – 5,2 % dans chacune des deux zones. Le Mexique sera à – 6,6 %, la Russie à – 5,5 % et le Brésil à – 5,3 %.
La contraction de l’économie sera moindre au Moyen-Orient et en Asie centrale, avec – 2,8 %, et en Afrique subsaharienne, avec – 1,6 %. Reste que la récession sera sévère en Afrique du Sud, avec – 5,8 %. Elle sera un peu moins forte au Nigeria, avec – 3,4 %, et en Arabie saoudite, avec – 2,3 %.
En fait, c’est l’Asie, hors Japon, qui va porter à bout de bras l’économie mondiale en 2020, avec une croissance positive de +1 %.
Une très légère poussée à mettre au crédit des deux géants de cette partie du monde, l’Inde, avec + 1,9 %, et la Chine, avec + 1,2 %, alors que les membres de l’Asean (Association des nations du sud-est asiatique) afficheront un très faible recul de leur PIB, à – 0,6 %.
Rebond général en principe en 2021
Se projetant en 2021, le FMI prévoit un rebond de la croissance mondiale à + 5,8 %, avec des pays avancés qui rattrapent un peu de leur retard, avec + 4,5 %, sur les économies émergentes, avec + 6,6 %. Le rebond serait particulièrement sensible en Asie (hors Japon), avec + 8,5 % (Chine, + 9,2 % ; Asean, + 7,8 % ; Inde, + 7,4 %).
La zone euro ferait aussi bien que les Etats-Unis, avec + 4,7 % (Allemagne, + 5,2 %, Italie, + 4,8 %) et mieux que toutes les autres régions : reste de l’Europe émergente, + 4,2 %, Afrique subsaharienne, + 4,1 %, Moyen-Orient et Asie centrale, + 4 %, et Amérique et Caraïbes, + 3,4 %.
Mais c’est « en supposant que la pandémie s’estompe au cours du second semestre de 2020 et que les mesures prises dans le monde entier permettent d’éviter des faillites d’entreprises massives, des pertes d’emplois prolongées et des tensions financières sur l’ensemble du système », prévient Gita Gopinath.
Et si la pandémie n’était pas stoppée…
Prudent, le FMI n’exclut pas un scénario plus défavorable. Si la pandémie ne diminuait pas au second semestre 2020, alors les mesures d’endiguement seraient prolongées, les conditions financières se détérioreraient et les chaînes d’approvisionnement subiraient de nouvelles ruptures.
Dans ce cas, annonce le FMI, la production mondiale chuterait de 3 % supplémentaires en 2020 par rapport au scénario de référence et de 8 % supplémentaires l’année suivante si la pandémie se prolongeait en 2021.
François Pargny