Sans surprise, la guerre en Ukraine et l’avalanche de sanctions qu’elle a suscitée devrait laisser l’économie russe exsangue selon les dernières prévisions de l’assureur-crédit Euler Hermes. Mais elle devrait aussi peser sur la croissance de l’économie et du commerce au niveau mondial, qui ne devrait atteindre que 3,3 % cette année.
Les sanctions prises par les pays occidentaux à l’encontre de la Russie auront-elles raison de son économie ? Leur extension au secteur énergétique devrait faire chuter le PIB russe d’« au moins 8 % » cette année et de 3 % en 2023, alors que les précédentes prévisions d’Euler Hermes tablaient sur des hausses de 3 % et 2,5 %.
Cette prévision repose sur un scénario « d’escalade du conflit » suivant lequel les sanctions seraient maintenues, voire étendues (probabilité de 55 %). Avec une triple conséquence : la poursuite de la dépréciation du rouble en raison d’une convertibilité très restreinte, une inflation galopante et un effondrement du commerce.
En effet, le régime de contrôle des capitaux imposé par les sanctions concerne 50 % du volume total de biens et de services (soit 820 milliards de dollars). De plus, les États-Unis ont récemment décidé d’un embargo sur les importations de pétrole brut. Le Royaume-Uni leur a emboité le pas, à la différence de l’Union européenne.
Les revenus des exportations d’hydrocarbures représentent 750 millions de dollars par jour, soit de quoi financer un mois d’importations, rappelle l’assureur-crédit. Les perspectives pour l’économie russe seraient encore plus sombres en cas d’arrêt complet des exportations d’hydrocarbures, en raison d’une décision de la Russie ou d’un embargo total imposé par les pays occidentaux. En pareil cas, le PIB russe se contracterait de 16 % en 2022 et de 6 % en 2023. L’inflation pourrait atteindre 40 % cette année et 25 % en 2023.
La croissance mondiale va perdre 0,8 point en 2022
A l’échelle mondiale, Euler Hermes a revu à la baisse ses prévisions de croissance économique à + 3,3 % en 2022 (- 0,8 point par rapport à la prévision d’avant l’invasion) et + 2,8 % en 2023 (- 0,4 point). Au moins deux-tiers de cette révision à la baisse sont dus aux chocs de confiance et sur les chaînes logistiques, le reste étant attribuable à la hausse du prix des matières premières.
En outre, cette guerre à l’avenir incertain devrait également peser sur les échanges commerciaux internationaux qui ne progresseront que de 4 % au lieu des 6 % initialement attendus.
Le taux d’inflation à l’échelle globale est pour sa part revu à la hausse de 1,9 point, à + 6 % en 2022 du seul fait de la hausse des prix de l’énergie combinée aux ruptures d’approvisionnement en certaines matières premières et composants qui se prolongent.
Encore ces projections ne prennent-elles en considération que les conséquences de la guerre en Ukraine. Les récentes mesures de confinement prises en Chine suite à l’apparition de nouveau cas de Covid-19 pourraient accentuer la pression sur les chaînes d’approvisionnement et les coûts de production, s’inquiète l’assureur-crédit.
Sophie Creusillet
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