C’est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle pour les exportateurs que vient confirmer la dernière note d’analyse d’Euler Hermes sur le commerce mondial* : la bonne, c’est qu’elle confirme que le commerce international rebondit fortement. La mauvaise, c’est qu’elle s’accompagne d’une flambée des coûts, des produits intermédiaires comme des transports.
Côté bonne nouvelle, donc, au premier trimestre 2021, le commerce mondial a surpris les prévisionnistes en rebondissant plus vite et plus fort que prévu : il a augmenté de 8,6 % en valeur, et de 3,4 % en volume par rapport au trimestre précédent.
Et la tendance devrait s’amplifier sur l’ensemble de l’année 2021 puisqu’Euler Hermes table sur une croissance des échanges mondiaux de 15,9 % en valeur et de 7,7 % en volume, soit un très fort rebond après une année 2020 catastrophique (-9,9 % en valeur et – 8 % en volume). Cette tendance se poursuivra en 2022 avec une prévision à + 8,4 % en valeur et + 6,2 % en volume.
Hausse de la demande … et des prix
On commence mieux à cerner les ressorts de cette vigoureuse reprise : elle provient en premier lieu de la reprise de la demande aux Etats-Unis et en Europe, qui “induit une forte hausse des importations en provenance d’Asie” selon Euler Hermes. La consommation a repris, induisant également la nécessité pour les entreprises de reconstituer leurs stocks.
Cette vigoureuse reprise s’accompagne donc d’une « importante pression sur le coût des importations”, alimentée par la demande des entreprises en moyen de transports et en produits intermédiaires. D’où une tension sur le fret, avec des taux qui flambent et des délais qui s’allongent.
Du “juste à temps” au “juste au cas où”
C’est le côté mauvaise nouvelle : l’augmentation des coûts du commerce mondial, qui n’est pas près de s’arrêter.
Selon Euler Hermes, échaudées par la flambée des prix, les entreprises sont en train de passer d’un modèle de “juste à temps” (just in time) à un modèle de “juste au cas où” (just in case), cherchant à reconstituer leurs stocks de produits intermédiaires quitte à les payer plus cher. En outre, face à la pénurie de conteneurs, les importateurs sont parfois également prêts à payer plus cher les transporteurs pour qu’ils livrent en temps et en heure.
Autrement dit, l’inflation dans ce secteur est en train de s’autoalimenter, un peu comme sur un marché immobilier en plein boom.
Les secteurs du « juste à temps » exposés
Qui va souffrir de cette hausse des coûts du commerce international ?
D’après les analystes d’Euler Hermes, les entreprises européennes, notamment celles de la zone euros, qui sont entrées dans la crise sanitaire avec de faibles niveaux de stocks “sont les plus vulnérables” : celles d’Allemagne seraient particulièrement sous tension. Aux Etats-Unis et en Asie Pacifique, elles seraient mieux loties selon ces experts.
Par secteurs, ce sont ceux ayant des modèles reposant le plus sur le “juste à temps” qui seraient actuellement à la peine : automobile et matériels de transport, textile–habillement, ordinateurs et matériels électroniques, en particulier. Des secteurs comme les machines, la chimie-pharmacie, le papier, les équipements électriques, seraient moins exposés.
C.G
*Global Trade : Ship me if you can !– Allianz Research, 08 july 2021. Pour accéder à l’intégralité de l’étude, en anglais: cliquez ICI.