Si les flux commerciaux internationaux ont jusqu’ici globalement plutôt bien résisté aux crises qui se succèdent depuis la pandémie de Covid-19, ils sont appelés à fortement ralentir dans les prochains mois. En témoignent les prévisions publiées cette semaine par différentes organisations internationales, dont l’OMC, la Cnuced et la Banque mondiale.
Jusqu’ici, tout va bien… Selon les derniers chiffres publiés par l’OMC le 15 juillet, les échanges mondiaux de biens ont progressé de 3,6 % au premier trimestre 2025 (T1 2025) par rapport au T4 2024 et de 5, 3 % en glissement annuel. Soit une progression plus forte qu’attendue par les analystes de l’organisation.
Constat similaire de la Cnuced qui vient également de publier ses données sur le commerce international : sur les six premiers mois de l’année 2025, les échanges de biens et de services ont augmenté de 300 milliards de dollars (Md USD), enregistrant une hausse de 1,5 % au premier trimestre avec une prévision de croissance de 2 % au deuxième.
Malgré les vicissitudes que connaît le commerce mondial, en particulier depuis le retour de Donal Trump à la Maison blanche et sa politique de droits de douane agressives, ses volumes continuent d’augmenter, observe la Banque mondiale, mais à un rythme moindre. Alors qu’elle anticipait en janvier une croissance des échanges de biens et de services de 3,1 % sur l’ensemble de l’année, ses prévisions tablent désormais sur une hausse de seulement 1,8 %.
Hausse de 9 % des échanges de services
Mais ces chiffres globaux sont à nuancer. Premièrement, si les flux continuent d’augmenter malgré la conjoncture, c’est grâce au dynamisme des échanges de services. Ces derniers ont en effet affiché une solide hausse de 9 % sur les quatre derniers trimestres. Deuxièmement, les disparités régionales sont fortes, particulièrement du côté des importations.
Concernant les seuls flux de marchandises, sur les trois premiers mois de l’année, les importations des États-Unis ont bondi de de 13,4 %, pointe l’OMC. Les entreprises américaines ont en effet constitué d’importants stocks de marchandises avant la mise en place des surtaxes douanières annoncées par Trump.
Toujours d’après l’OMC, sur la même période, les importations ont progressé de 5,1 % en Afrique, de 3,6 % en Amérique latine, de 3 % au Moyen-Orient, de 1,3 % en Europe et de 1,1 % en Asie. Du côté des exportations, le Moyen-Orient a enregistré la plus forte hausse (6,3 %), suivi par l’Asie (5,6 %), l’Amérique du Sud (3,2 %), l’Afrique (2,5 %), l’Europe (1,9 %) et l’Amérique du Nord (1,8 %).
Possible reprise en 2026
Conflits, politique commerciale américaine erratique, perturbations du transport maritime et des chaines d’approvisionnement, tensions géopolitiques… L’incertitude plane au-dessus de l’avenir de la mondialisation, mais une chose est sûre : après un premier semestre 2025 de relatif dynamisme, essentiellement tiré par celui des services et des importations états-uniennes, l’atterrissage risque d’être brusque. En témoigne l’importante révision à la baisse annoncée par la Banque mondiale pour 2025.
« A ce rythme, prédit l’institution internationale, l’expansion des échanges commerciaux sera inférieure de moitié à la moyenne annuelle enregistrées aux cours des deux décennies précédant la pandémie de Covid-19, qui s’élevait à environ 4,9 %. »
Les économistes de la Banque mondiale prévoient néanmoins une hausse des échanges de 2,7 % l’an prochain, soit 0,9 point de pourcentage de plus qu’en 2025.
Sophie Creusillet