« C’est la diplomatie économique au quotidien que nous animons. Peu spectaculaire, mais efficace ». Lors de la première conférence-rencontre « France International, Bercy pour les entreprises » organisée hier 14 janvier, au Centre de conférence du ministère de l’Economie et des Finances, Nicole Bricq, ministre du Commerce extérieur, a réaffirmé le leadership qu’entend assurer Bercy, et plus particulièrement son ministère, dans le pilotage de la stratégie de redressement du commerce extérieur et de diplomatie économique.
Elle a été appuyée par Ramon Fernandez, directeur général du Trésor, qui, plutôt en retrait sur ces sujets jusqu’à présent dans ses apparitions publiques, lui a succédé à la tribune, avec des mots sans aucun doute moins tranchés : « Nous voulons souligner notre mobilisation (…) pour un agenda de la diplomatie économique qui nous mobilise tous », a-t-il exposé, justifiant ainsi les mots clés de cette matinée « Bercy partenaire pour le monde » et « Bercy for business ». « Bercy est avec ses partenaires sur le pont » dans le cadre d’une diplomatie économique « qui est notre priorité collective ».
Une manière de répondre aux critiques qui pointent, en ce début d’année, le déficit commercial en recul mais encore abyssal – « aux alentours de 60 milliards » a reconnu la ministre-, et la montée en puissance du ministère des Affaires étrangères sur ce sujet, source de crispation entre les différents ministères. La réunion était d’ailleurs une nouveauté sous ce format : outre les chefs de Services économiques et les représentants des principales agences du dispositif public – Ubifrance, l’AFII, les CCI, les CCEF ou encore le Medef et la CGPME- les représentants de quelque 250 entreprises y avaient été invités.
Destinée à ressouder les troupes et à fixer le cap pour 2014, elle était organisée en trois tables rondes dont une consacrée à Bpifrance export, une deuxième sur les opportunités dans les pays émergents et une troisième sur celles dans les pays développés.
Nicole Bricq : 2014, « année charnière… où nous devons avoir des résultats »
Côté enjeux, Nicole Bricq a posé la problématique, tant au plan politique qu’économique : « Nous sommes dans une année charnière, l’année où nous devons avoir des résultats », a-t-elle dit, rappelant l’objectif de réduction à zéro du déficit hors énergie et donc de relance des exportations. Et de rappeler les principaux axes de sa stratégie, avec des priorités d’actions reposant sur des couples pays/produits (grandes familles de produits « Mieux se nourrir », « mieux se soigner », « mieux vivre en ville », « mieux communiquer » et 47 pays prioritaires). « Il faut être là où est la demande et mettre en place une offre performante et cohérente ». D’où les efforts entrepris pour « mieux s’organiser ».
Si elle s’est gardée de dresser un premier bilan, la ministre du Commerce extérieur a voulu réaffirmé sa détermination à maintenir le cap des réformes qu’elle a engagées dans le cadre du Cimap –Comité interministérielle de modernisation de l’action publique- pour améliorer la « lisibilité » et « la simplicité » des dispositifs de soutien public. « Nous rapprochons les grands acteurs au sein de France International », a-t-elle réaffirmé, citant Ubi/Sopexa, Ubi/AFII, UBI/CCI International.
Ramon Fernandez : « des opportunités sans précédents depuis l’avant-crise »
Côté perspectives, Ramon Fernandez a pour sa part dressé un panorama très positif des opportunités qu’offrent aujourd’hui les marchés internationaux face à une économie française en très faible reprise (+1 % prévu cette année). Il a indiqué que 2014 serait marquée par « un dégel des opportunités à l’export » qui s’accompagne d’un « réveil des négociations commerciales multilatérales et bilatérales » après cinq ans d’immobilité.
Selon le directeur général du Trésor, la croissance de la demande adressée à la France « sera supérieure à 4 % en 2014 et de 5 % en 2015 », soit une forte accélération après deux années de faible reprise (elle est estimée par ses services à 1 % en 2012 et 2 % en 2013). « Il y a des opportunités de premier rang à saisir », a estimé Ramon Fernandez, qui table sur une progression de la demande de 2 % dans les pays avancés dès cette année – grâce notamment aux Etats-Unis – et une croissance de l’ordre de 5 % dans les grandes économies émergentes.
Et d’appuyer les priorités rappelées par Nicole Bricq en rappelant l’opportunité que représentait l’essor des classes moyennes dans les pays émergents et en développement –« elles aspirent à mieux consommer et sont plus ouvertes aux produits importés »-, qui ont justifié l’identification des grandes familles de produits citée par la ministre. Un phénomène accompagné d’une explosion de l’urbanisation : selon les chiffres qu’il a cités, les investissements dans les infrastructures vont augmenter de 1 000 milliards de dollars par an d’ici 2020 pour atteindre un chiffre annuel de l’ordre de 2 400 milliards d’USD. Il existe « des opportunités sans précédents depuis l’avant-crise », soit depuis 2007/2008.
Christine Gilguy