Lors du colloque sur les Risques Pays organisé par la Coface le 18 janvier, quatre pays ont été scrutés l´après-midi : la Chine, le Brésil, la Russie, et l´ensemble Europe centrale et Orientale-Turquie.
Concernant la Chine, le mot croissance a évidemment été beaucoup utilisé. Stephen Green, responsable de recherche à la Standard Chartered Bank de Shanghai, constate que l´après-crise est là : « Le PIB devrait croître de 10 % cette année et de 9 % l´année prochaine. Corrélativement, les réserves chinoises de change passeront de 2 750 milliards de dollars à plus de 3 000 milliards.»
Contrairement aux années précédentes, les exportations seront plutôt en berne. Les trois moteurs de la croissance seront les investissements, les dépenses publiques (plan de relance centré sur les infrastructures) et la consommation intérieure. Stephen Green note d´ailleurs : « L´automobile, avec des ventes qui remontent en flèche, et les voyages aériens qui ne cessent de se multiplier prouvent que la consommation intérieure chinoise est bel et bien là.» Il note trois points noirs : une bulle immobilière qui touchent les grandes villes, un vieillissement significatif de la main-d´œuvre à partir de 2015, et un retour prévisible de l´inflation.
S´agissant du Brésil, Alexandre C. Lintz, économiste en chef à BNP Paribas à Sao Paulo estime que « le pire de la crise est derrière ». Selon lui, les bons points du pays de la samba sont : une balance des paiements solide, un rapport dette/PIB en baisse, un plan de lutte efficace contre l´inflation, et une meilleure qualité du crédit. Les mauvais points sont : l´absence de réformes, le déficit des comptes courant qui se développera, et des exportations trop orientées vers les produits de base (pétrole).
Odd Per Brekk, représentant du FMI à Moscou, regrette que «la Russie ait été frappée par la crise en plein cycle haussier avec une consommation en très forte croissance, et une économie très dépendante des hydrocarbures ». Le pays a néanmoins contenu la crise malgré une baisse de 10 % du PNB en 2009. Pour l´avenir, le pays a plusieurs défis à relever : réformer un secteur financier fragile, avoir des politiques budgétaires plus restrictives, contenir l´inflation pour favoriser l´investissement et l´épargne intérieurs.
Ce qui frappe à propos des pays d´Europe Centrale et Orientale est l´ampleur des séquelles de la crise. Elles se traduisent par une dette extérieure à court terme particulièrement conséquente pour des pays comme la Pologne (70,9 milliards de dollars), la Turquie (54,8), les pays baltes (37,2), l´Ukraine (32,7), la République tchèque (28,4), ou la Roumanie (27,9). Seuls la République tchèque, la Pologne et la Turquie connaîtront une légère croissance du PIB cette année. La consommation des ménages sera en légère augmentation seulement en Pologne et en Turquie.
Jean-François Tournoud