Après douze jours durant lesquels Chypre à dû se résoudre, face aux pressions de la troïka européenne (Union européenne, Banque centrale européenne, FMI) à lâcher l’une de ses principales banques – la Laiki Bank-, mise en faillite et à taxer ses plus riches épargnants contre un plan de sauvetage d’urgence de 10 milliards d’euros, ses habitants et ses opérateurs économiques vont devoir s’adapter à une situation plutôt compliquée pour la vie de tout les jours.
Outre l’impact de la taxe qui va être appliquée sur les dépôts bancaires supérieurs à 100 000 euros, pour éviter une fuite massive des capitaux, les autorités chypriotes
ont instaurées -une première dans la zone euro- des mesures drastiques de contrôle et de restriction monétaires pour une durée temporaire mais dont elles se sont bien gardées de préciser la date de fin. Elle devrait perdurer au moins un mois, selon les propos tenus par le ministre des Affaires étrangères chypriotes le 29 mars. Les voici :
– Limitation des retraits d’espèces à
300 euros par jour et par personne dans toutes les banques.,
– Limitation à 1000 euros les fonds en espèces que pourront emmener les voyageurs quittant l’Île.
– Plafonnement des paiements par carte et virement à l’étranger à 5000 euros par
mois.
L’IIF prévoit une récession de 20 % sur deux ans
La dernière mesure va considérablement entraver pour quelque temps les opérations courantes de
commerce international, dont Chypre était jusqu’à présent une des
plaques tournante entre l’Orient et l’Europe. Touché en profondeur, le système bancaire chypriote, sans doute trop dépendant des capitaux russes qu’il avait réussi à attirer, va fondre. Il était la base du modèle économique du pays, qui avait su devenir un centre de services financiers offshore, pourrait connaître de rapides évolutions -retraits massifs, fermetures, restructurations-dans les semaines et les mois à venir. Et avec lui toute une économie de services. L’Institut de la finance
internationale (IIF), cité par l’AFP, a
averti le 28 mars qu’il fallait s’attendre à une « chute libre » de l’économie chypriote,
avec une récession pouvant atteindre 20% dans les deux prochaines
années.
Une des questions qui se posent à très court terme : que feront les Russes qui y ont placé leurs fonds, où utilisaient Chypre comme plateforme d’intermédiation internationale dans la gestion de leurs affaires ? C’est une des questions qui se posent aujourd’hui, alors que plusieurs articles de presse ont rapporté que des banques européennes -allemandes en particulier- n’avaient pas attendu la réouverture des banques, le 28 mars, pour commencer à démarcher cette clientèle russe.
Un témoignage illustre parfaitement le changement drastique de modèle que Chypre va devoir entreprendre sous la contrainte, au risque de « tuer » son économie : celui que présente Le Monde dans son édition du 29 mars et sur son site Internet*, d’Andreas Neoclous, avocat d’affaires, « l’un des intermédiaire préféré des Russes ». « Chypre a été un centre pour le commerce régional. Nous ne savons faire que cela, nous n’avons pas d’autre moyen de subsistance », résume-t-il.
Le 29 mars, sur les sites Internet des grands assureurs crédits, qui avaient anticipé depuis des semaines le risque liés à la trop forte exposition des banques au risque grec, plombant le risque pays et le risque commercial, Chypre était notée C en risque pays (sur une échelle qui va de A à D, du meilleur au pire) et A3 en climat des affaires sur celui de Coface. Euler Hermes lui attribuait l’évaluation « Risque significatif » pour le risque pays, et la Note pays AA. Quand au Ducroire belge, il lui attribuait une note de 4 sur 7 pour le risque politique (lié aussi à la partition de l’Île) et de C pour le risque commerciale, soit la plus mauvaise.
CG
*Le plan d’aide à Chypre va « tuer » son économie » (http://www.lemonde.fr/economie/article/2013/03/28/le-plan-d-aide-a-chypre-va-tuer-son-economie_3149276_3234.html)