Le Premier ministre libéral tchèque Mirek Topolanek a annoncé ce matin même sa démission, à la suite d´un vote de défiance initié par l´opposition de gauche mardi dernier. Les soubresauts de la politique intérieure tchèque et leurs conséquences sur la présidence de l´Union européenne, assurée par la République tchèque depuis le 1er janvier 2009, nourrissent abondamment les colonnes de la presse internationale.
Dans son éditorial du 25 mars, le Financial Time résume de manière lapidaire la problématique soulevée par cet événement : « C´est une démonstration éclatante du besoin d´avoir un président semi permanent de l´UE, tel qu´envisagé par le traité de Lisbonne ». Dans le système actuel, comme le montre aujourd´hui la démission de Mirek Topolanek, un incident de politique intérieure vient perturber la vie politique de l´UE. Et ce en pleine crise économique.
La présidence tournante de l´UE, censée respecter le poids politique de chaque pays ne fait pas recette. Pour Tony Barber, du Financial Time « la présidence tournante, qui veut que chaque pays, petit ou grand, se farde et entre en scène pour six mois avant de laisser place à l´acte suivant, semble anachronique ».
Une présidence permanente serait-elle un remède à tous les maux politiques de l´UE ? La République tchèque est l´un des deux pays, avec l´Irlande, à ne pas avoir ratifié le Traité de Lisbonne. Comme le rappellent Mikhaïl Zygar et Alexandre Kouranov, dans un article du quotidien russe Kommersant : « Paradoxalement, le sort d´une Europe unie se trouve entre les mains d´un de ses plus célèbres opposants – le président tchèque Vaclav Klaus – qui a la réputation d´être particulièrement eurosceptique et de ne jamais avoir cessé de critiquer le traité de Lisbonne ».
Tomas Sedlacek, économiste et ancien conseiller de Vaclav Havel, cité par le International Herald Tribune, enfonce le clou : « Il s´agit d´une humiliation pour le gouvernement [tchèque, ndr] qui va désormais être pris en otage par des conflits politiques internes. Comment le président de l´UE peut-il se faire respecter par le reste du monde alors qu´il est politiquement mort, alors qu´il est un zombie politique ?»
Sophie Creusillet