Au lendemain de l’arrestation du président ivoirien sortant Laurent
Gbagbo par les FRCI (Forces républicaines de Côte d’Ivoire) du chef de
l’Etat reconnu par la communauté internationale Alassane Ouattara, avec
le soutien de l’Onuci, la mission de l’Onu en Côte d’Ivoire, et de la
force Licorne de l’armée française, la Côte d’Ivoire va devoir
reconstruire son économie. Celle-ci est rendue exsangue par plus de
quatre mois de blocage politique et des semaines de blocus économique et
financier. Les combats de ces dernières semaines ont plongé plusieurs
zones de l’ouest et du centre du pays ainsi que la capitale économique
dans le chaos.
« Aujourd’hui la Côte d’Ivoire a un seul président. Cette
clarification va dans le bon sens alors que le pays était depuis un mois
dans une situation catastrophique. On va pouvoir se remettre au boulot
», a confié au Moci.com Stephen Decam, secrétaire général du Cian
(Conseil français des investisseurs en Afrique), une organisation
professionnelle rassemblant les sociétés françaises opérant en Afrique.
Mais avant de remettre l’économie en route, l’Etat va devoir, selon
Stephen Decam, stabiliser la situation sécuritaire et remettre dans les
rails ses fonctions régaliennes. Système bancaire, police, ports… Ce
travail de « remise au carré » devrait prendre « a minima un mois »,
selon le secrétaire général du Cian, qui estime par ailleurs urgent de
lever les dernières sanctions à l’encontre du pays.
La Côte d’Ivoire est en effet toujours partiellement sous embargo
européen. L’Union européenne retirera ses dernières sanctions à
l’encontre de la Côte d’Ivoire le « moment approprié », a affirmé, mardi
12 avril, le responsable des questions africaines au sein du service
diplomatique européen, Nicholas Westcott au cours d’une audition devant
le Parlement européen. L’Union européenne avait déjà annoncé le 7 avril
avoir supprimé ses sanctions à l’encontre de deux grands ports du pays
Abidjan et San Pedro, ainsi que contre deux entreprises liées aux
secteurs stratégiques du pétrole et du cacao, dont la Côte d’Ivoire est
le premier producteur mondial.
Une initiative saluée par les fédérations professionnelles de
négociants et chocolatiers. « Une reprise rapide du secteur ivoirien du
cacao » constituerait par ailleurs un soutien pour « les centaines de
milliers d’Ivoiriens impliqués dans le commerce » de fèves brunes ont
ainsi souligné dans un communiqué commun l’Association européenne du
cacao (ECA), la Fédération du commerce du cacao et l’Association des
industries européennes du chocolat, de la biscuiterie et de la
confiserie (Caobisco).
De son côté, la France va apporter dans les prochains jours « un
soutien financier exceptionnel de 400 millions d’euros » à la Côte
d’Ivoire pour aider notamment à satisfaire les besoins urgents des
populations et de la ville d’Abidjan, a annoncé aujourd’hui dans un communiqué de presse
la ministre des Finances Christine Lagarde lors la réunion de printemps
des ministres des Finances de la zone franc à N’Djamena. Cette aide
sera destinée « dans un premier temps à financer les dépenses d’urgence
pour les populations, la ville d’Abidjan et le redémarrage des services
publics essentiels. Cette aide doit également servir, dans une second
temps, à relancer l’activité économique et à permettre l’apurement des
arriérés vis-à-vis des institutions internationales », poursuit le
communiqué.
L’Union européenne prévoit pour sa part de fournir une aide à long
terme à ce qui est considéré comme la locomotive économique de l’Afrique
de l’Ouest francophone, a confirmé la chef de la diplomatie européenne,
Catherine Ashton, le 12 avril. « Nous sommes prêts à envisager toute
une série de mesures, à présenter un paquet financier et institutionnel »
en faveur du pays, avait également déclaré la semaine dernière le
ministre hongrois délégué aux Affaires étrangères, Zsolt Németh, dont le
pays assure la présidence semestrielle de l’UE. Il est encore tôt pour
chiffrer le montant de cette aide.
Sophie Creusillet