Les rapports se succèdent mais ne se ressemblent pas, démontrant la difficulté de prévoir l’impact réel, sur les tissus économiques européens, de l’octroi fin 2016 du statut d’économie de marché à la Chine à l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Mais les craintes exprimées par certains secteurs – en particulier celui de la sidérurgie, dont les représentants ont bloqué une partie du quartier européen le 15 février * – semblent légitimes au vue des conclusions compilées par les différentes études déjà publiées sur le sujet. Un récent rapport réalisé par Euler Hermes pour un journal italien et dont le Moci s’est procuré une copie le confirme.
Dans ce rapport, les économistes de l’assureur-crédit identifient ainsi quatre secteurs industriels en Europe risquant d’être les plus touchés en cas d’octroi du statut d’économie de marché à Pékin fin 2016 : machinerie, biens d’équipements, mines, et métallurgie seront en effet les premiers à devoir faire face à la concurrence accrue des produits chinois bon marché après l’élimination des barrières commerciales. « Le pays pourra ainsi réduire plus rapidement ses problèmes de surcapacité (secteur des mines et du métal) tout en améliorant son modèle économique en fabriquant des produits à plus grande valeur ajoutée (secteur des équipements et de la machinerie) », peut-on lire dans le rapport encore inédit en France.
Plus globalement, l’abandon du statut d’économie non marchande se traduira pour la Chine par un gain de compétitivité de 10 % supplémentaire en matière de prix, en particulier pour les exportations destinées aux Etats-Unis et à l’Europe. Mais inversement, il pourrait coûter 7 milliards d’euros à l’Union européenne. « L’importation de produits bon marchés en provenance de Chine, couplé à la réduction des exportations européennes, devrait détériorer la balance commerciale de la zone euro avec la Chine », souligne l’étude d’Euler Hermes.
A première vue, c’est l’Allemagne qui risque d’être la plus touchée compte tenu de ses liens commerciaux avec l’Empire du milieu. La dégradation de sa balance commerciale est estimée à -2,5 milliards d’euros. Les pertes attendues pour la France, l’Italie et l’Espagne seraient respectivement de 800, 600 et 300 millions d’euros.
Mais, selon le rapport, ces trois États du sud de l’UE rencontreront plus de difficultés face à la concurrence des produits bas de gamme ‘made in China’. Les pays du nord comme les Pays-Bas, l’Allemagne ou le Royaume-Uni, devraient quant à eux mieux absorber ces produits bon marché. L’Allemagne est à l’heure actuelle la seule économie de l’UE qui enregistre un excédent commercial avec la Chine. Berlin pourrait donc « faire preuve d’une plus grande tolérance vis-à-vis de Pékin à l’heure de lui octroyer son statut d’économie de marché », note l’étude.
Kattalin Landaburu, à Bruxelles
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