Les villes chinoises de Chengdu, Chongqing et Shenyang sont venues présenter le 5 mai, dans les locaux d’Ubifrance, à Paris, leurs projets et initiatives en matière d’environnement.
Suite au protocole d’accord signé à l’occasion du voyage officiel du président chinois, Hu Jintao, en France, en novembre dernier, entre le ministère français de l’Économie, des Finances et de l’Industrie et le ministère chinois du Commerce extérieur concernant une coopération économique et commerciale en matière d’éco-quartiers, elles ont été choisies en tant que villes pilotes.
La ville-province de Chongqing, située au centre de la Chine, et ses 28,3 millions d’habitants, est la plus grande. Elle a mis en avant sa Chongqing Economic and Technology Development Zone (59 km2). Au sein de cette zone, les autorités municipales veulent établir un Chongqing Sino-France Ecological Park de 2 km2. À Chongqing comme ailleurs, l’intérêt chinois se porte surtout sur les technologies innovantes et la R&D centrée sur l’environnement. Les Chinois souhaiteraient que cette zone sino-française se concentre sur les véhicules électriques, les gaz compressés, le dépoussiérage, le traitement des eaux usées et le traitement des déchets solides.
Chengdu, capitale de la province du Sichuan, a une taille plus modeste avec ses 12,7 millions d’habitants. Elle se définit comme une ville bénéficiant déjà d’un environnement protégé. La ville souhaite le préserver en créant des zones « low carbon » et trois villes-jardins. Selon Liu Xin, directeur du Sichuan Provincial Department of Commerce, la ville et la province attendent que « les Français investissent dans plusieurs secteurs comme les nouvelles énergies, la construction d’éco-quartiers, l’électroménager économe, les nouvelles énergies de transport, l’énergie solaire, l’éolien, et les batteries ».
À Shenyang, 7,2 millions d’habitants, située au nord du pays, la présence économique japonaise est particulièrement marquée. Il existe déjà une coopération scientifique sino-japonaise dans de
nombreux secteurs touchant à l’écologie. La province du Liaoning dont cette ville est la capitale a un projet de ville nouvelle qui se veut exemplaire au niveau écologique. Elle accueillera les jeux nationaux de la Chine en 2013.
Dans le Shenyang Economic and Technology Development Park se créerait un China-France Environment Protection Industrial Park, sur 5 km2, comme à Chongqing. On y travaillerait sur l’éolien, les écrans LED, le photovoltaïque et les équipements destinés au traitement des eaux usées. Mme Wang Li, du Shenyang Environmental Protection Bureau, a évoqué les projets de recherche franco-chinois qu’elle souhaitait voir se mettre en place dans « l’éolien, les véhicules fonctionnant avec des énergies nouvelles, le traitement des plastiques usés, les bâtiments écologiques et les services écologiques ».
Si les salaires et le locatif sont bien moins élevés dans ces trois villes que dans les grandes métropoles côtières de l’Est, restent plusieurs interrogations qu’ont soulevées les participants français à la rencontre. Selon Egis, vu la taille des villes chinoises, les quartiers écologiques de type européen ne sont pas concevables en Chine.
De son côté, François de la Chevalerie, directeur du fonds technologique Itgium, estime que « alors que toutes les grandes villes chinoises ont des projets d’éco-cités ou d’éco-quartiers, la réalisation de ceux-ci a été confiée le plus souvent à des promoteurs immobiliers. Par conséquent, en raison du surcoût qu’entraînent les impératifs environnementaux, au final, les promoteurs renoncent souvent, ou ne respectent pas l’aspect écologique. »
Jean-François Tournoud
Le charbon toujours incontournable
Même si le 12e plan quinquennal (2011-2015) a fixé comme objectif que l’énergie non fossile représenterait 11,4 % de la production totale d’énergie en 2015, la Chine dépend plus que jamais du charbon. En effet, 78 % de l’électricité provient de centrales thermiques au charbon. À elle seule, la Chine absorbe 46,9 % de la production mondiale de charbon. La consommation chinoise d’énergie devrait s’accroître annuellement de 4,24 % durant les cinq prochaines années. Par conséquent, la consommation de charbon augmentera. D’autant que l’empire veut développer le procédé – très polluant – de liquéfaction du charbon pour produire du gazole, du naphte et du kérosène. La fringale carbonifère de la Chine en a fait un importateur net de charbon des pays voisins (Vietnam, Indonésie, Australie).
J.-F. T.