Les entreprises européennes installées en Chine ont le moral en berne. C’est ce qui ressort de la Business Confidence Survey 2016, une enquête réalisée chaque année par la Chambre de commerce européenne (European Chamber of Commerce) basée à Pékin. Publiée la semaine passée, cette étude révèle en effet un pessimisme croissant lié à un climat des affaires jugé de plus en plus hostiles aux firmes étrangères. Sur les 506 sociétés sondées, 56 % estiment que les obstacles entravant leur activité se sont multipliés, soit une hausse de 5 points par rapport à l’an passé !
Près de 33 % des sociétés sondées sont, par ailleurs, peu optimistes quant à leur capacité de générer des bénéfices, contre 23 % en 2015. Et si 90 % des entreprises interrogées en 2013 affirmaient qu’elles comptaient développer leurs activités dans le pays, elles ne sont plus que 47 % cette année.
Deux tiers d’entre elles ne se sentent plus les bienvenues
Au delà des difficultés liées, notamment à l’essoufflement de l’économie chinoise, les entreprises énoncent de nombreuses critiques. Deux tiers d’entre-elles ne se sentent plus les bienvenues dans le pays, comme c’était le cas il y a dix ans.
Mais globalement, les obstacles mis en exergue restent les mêmes que les années précédentes, à savoir un environnement juridique instable et imprévisible, une application arbitraire des règlements en matière de propriété intellectuelle, des démarches administratives complexes, un traitement inéquitable face aux concurrents locaux ou la mise à l’écart de nombreux appels d’offres. 58 % des entreprises estiment, en outre, que la lenteur d’Internet, la censure et le blocage de certains sites, ont également un impact négatif sur leurs activités.
Autant de facteurs qui risquent de peser sur les investissements européens en Chine. Ainsi, 11 % des entreprises sondées projettent de réaffecter certains de leurs investissements vers d’autres pays. Une tendance déjà entamée l’an passé selon la Chambre de commerce européenne à Pékin, qui rappelle que ceux-ci ont diminué de 9 % en un an alors que les investissements chinois en Europe connaissaient un boom de 44 %.
Malgré les efforts du gouvernement pour promouvoir l’innovation, notamment grâce au savoir-faire des Européens, les entreprises de l’UE sont aujourd’hui moins enclines à investir dans la R&D en Chine. Elles étaient 85 % à exprimer leur intérêt en 2015, elles ne sont plus que 72 % cette année. « Les firmes européennes ont désormais besoin d’une feuille de route. Cela leur donnerait la confiance dont elles ont besoin pour s’engager dans le développement du pays alors que le contexte économique est aujourd’hui plus fragile », a commenté Jörg Wuttke, le président de la Chambre de commerce de l’UE. Il mise donc beaucoup sur l’accord d’investissement, en cours de négociation entre Bruxelles et Pékin pour améliorer le climat des affaires et lever les obstacles à l’accès au marché.
Kattalin Landaburu, à Bruxelles
Pour consulter le rapport Business Confidence Survey : www.europeanchamber.com.cn/en/publications-business-confidence-survey