Une enquête réalisée par le cabinet Kurt Salmon auprès de 190 directeurs logistique, dont près de 52 % appartiennent à des entreprises de moins de 1 000 salariés, exprime trois groupes de préoccupations majeures : anticiper leurs flux marchands, rationaliser leur dispositif logistique tant à l’international qu’en France et réduire leurs coûts de transports.
Une étude de Kurt Salmon, publiée le 27 avril dernier, nous montre que 86 % des directeurs logistique se font une priorité de réduire leurs coûts de transport d’ici à 2012 et que 80 % d’entre eux souhaitent se doter d’outils pour anticiper leurs flux marchands.
Il s’agit d’une enquête menée auprès de 190 directeurs supply chain. Elle se conforme à la méthodologie suivante : 1 900 questionnaires ont été envoyés par courriel à des directeurs logistiques appartenant aux secteurs de la distribution, de l’industrie et de la prestation logistique. Un certain nombre des entreprises interrogées disposent de logiciels de pilotage des flux en temps réel ou d’indicateurs en temps réel. Toutefois « 5 % d’entre elles déclarent ne disposer d’aucun indicateur pour leurs transports, leur stock ou leur productivité. Il s’agit le plus souvent de PME », indique Armand de Vallois, associé chez Kurt Salmon et rapporteur de l’enquête.
Celui-ci précise : « Concernant le taux de service aval, 41 % des répondants nous disent que les informations qui leur reviennent sont insatisfaisantes ou perfectibles. » Le concept de taux de service indique dans quelle mesure l’intégralité du produit est livré en temps et en heure au bon destinataire. Plus précisément, les trois premiers objectifs opérationnels que les entreprises de moins de 1 000 salariés souhaitent mettre en place ou faire évoluer en 2012 concernent la traçabilité de leurs produits, la réduction des coûts de transport et l’amélioration des taux de services.
Et pour cause, Armand de Vallois constate que ces petites et moyennes entreprises (PME) et les entreprises de taille intermédiaire (ETI) ont le souci de consolider des marchés récemment conquis : « Celles qui se sont internationalisées rapidement l’ont souvent fait de façon empirique et décentralisée, laissant dans un premier temps la main à leurs partenaires locaux. Après coup, ces entreprises se rendent compte que leurs outils de pilotage sont très hétérogènes. À ce stade, elles ont besoin de rationaliser, d’unifier leurs systèmes. »
C’est dire si les éditeurs de logiciels ont du pain sur la planche. Pour perfectionner et diffuser des solutions de pilotage des flux qui conviennent aux ETI et PME. La compétition mondiale incite ces entreprises, soumises à de fortes tensions sur leurs flux, à protéger leurs informations stratégiques et à ne pas se voir imposer leur modèle économique via les systèmes d’informations que souhaitent imposer de grands donneurs d’ordres. Interrogé par Le Moci, Jean-Charles Deconninck, P-dg de Generix Group, prend acte de l’âpreté de la compétition et reconnaît l’existence de ce rapport de force entre les grandes multinationales et leurs fournisseurs, mais reste confiant pour l’avenir : « Il est vrai que nos premiers clients, ceux qui achètent nos logiciels sont d’abord les grands donneurs d’ordres. Toutefois, depuis deux à trois ans, nous observons une montée en puissance des grands prestataires logistiques, en situation d’arbitres et qui sont prescripteurs pour diffuser des solutions de gestion des approvisionnements. Je crois que nous, Generix, avec le soutien des prestataires logistiques, pouvons proposer au monde de la supply chain des alternatives permettant d’augmenter le taux de disponibilité du produit, tout en réduisant le coût de cette chaîne logistique. Nous ne travaillerons plus sur les volumes, mais sur les fréquences de livraison. Cela peut changer notre modèle économique, dans le sens d’un meilleur partage de la valeur des coûts. »
Cependant, le modèle économique actuel en flux tendu fait payer le coût des stocks pour l’essentiel aux fournisseurs, souvent des PME, lesquelles prennent aussi en charge une bonne partie des frais de transport. Ce modèle économique, avec un partage aussi inéquitable des coûts, au détriment des PME, ne pourra pas durer indéfiniment.
Gilles Naudy