Le Fonds monétaire international (FMI) et l’Union européenne s’inquiètent de la croissance de la dette extérieure du Cameroun, qui représentait 18,5 % du produit intérieur brut (PIB) en 2012. Comme Yaoundé n’a pas l’intention de solliciter l’aide du FMI, il est difficile « d’endiguer le flot », explique un représentant de la finance locale.
L’incertitude règne notamment quant à la dette publique bilatérale contractée avec la Chine, dans le cadre des échanges matières premières contre travaux « gratuits ». Gratuit « dans quelle mesure ? », s’interroge notre interlocuteur au passage. Car les Chinois proposent souvent des solutions de financement pour arracher des contrats, une méthode que pratiquent de longue date les Occidentaux mais qui s’est quelque peu tarie ces dernières années avec les engagements pris dans le cadre des accords de réduction de dette des pays en développement.
« Comme notre poids est très relatif, puisque l’aide internationale ne compte que pour 3 à 4 % dans les recettes publiques, l’État camerounais fait comme il l’entend », constate le représentant d’un bailleur de fonds. « Ce qui ne signifie pas, ajoute-t-il, qu’il n’ait pas besoin de nous pour attirer l’aide et exécuter les grands projets d’infrastructure. Mais lui ne fait pas d’effort pour capter cette aide et attirer les investisseurs étrangers. Le prix du kilowatt heure ne baisse pas, les prix du téléphone, faute de réforme, sont élevés et toutes les entreprises ont prévu des réservoirs d’eau pour remédier aux pénuries ».
Cerise sur le gâteau, les subventions aux carburants, que le gouvernement ne veut pas supprimer. Ces cadeaux « pesaient 3 à 4 % du budget de l’État l’an dernier », souligne un banquier à Douala. « Il s’agit d’aides stratégiques à très fort impact social », justifie Gilbert Edoa, secrétaire général du ministère de l’Économie, de la planification et de l’aménagement du territoire (Minepat). Et de citer le cas « de ces jeunes chômeurs au volant de moto-taxis, qui ne pourraient développer leur activité sans ce type de subvention ».
De notre envoyé spécial
François Pargny