Le comportement et le discours d´investiture de Dilma Rousseff, le 1er janvier 2011, ont donné un avant-goût de ce que sera le mandat de la première femme présidente du Brésil. D´un ton ferme et sec, sans démagogie, elle a dressé les objectifs de son mandat, dont le principal sera l´éradication de la pauvreté.
Tout en s´inscrivant dans la continuité des deux mandats du président Lula (2003-2006 et 2007-2010), Dilma, comme on l´appelle au Brésil, a indiqué la nécessité d´ajouter « de nouveaux instruments » : une réforme politique, la « modernisation du système fiscal » afin de stimuler la capacité d´entreprise, et une « action rénovée » en matière de santé, d´éducation et de sécurité, dans le cadre d´une coopération avec les autorités des états et des municipalités.
La nouvelle présidente brésilienne a confirmé le maintien des grands programmes de développement d’infrastructures, notamment dans la perspective de la coupe du monde de football de 2014 et des Jeux Olympiques de Rio de Janeiro en 2016. En même temps, elle a réaffirmé son attachement à la politique économique et financière orthodoxe engagée pendant les années 90 et poursuivie par Lula : « ce qui signifie maintenir la stabilité économique comme valeur absolue », a-t-elle précisé.
Pourtant, sa tâche risque d´être plus difficile que pour son prédécesseur. Le ralentissement prévisible de l´économie mondiale en 2011 devrait ramener la croissance du Brésil de 7,5 % l´année dernière à 4,5 %, selon le consensus des économistes. L´inflation dépasse actuellement 5 % en rythme annuel et risque d´empêcher la hausse du pouvoir d´achat. Le ministre des Finances, Guido Mantega, a évoqué le 21 janvier la nécessité de modérer la hausse des dépenses publiques qui ont progressé de plus de 20 % en 2011 afin de garantir un excédent primaire des comptes de l´Etat équivalent à 3,1 % du PIB.
Réputée pour sa connaissance des dossiers et sa capacité exceptionnelle de travail, Dilma va donc devoir à la fois gérer l´héritage de Lula, faire de nouvelles réformes et prendre des mesures d´ajustement. Reste que la dynamique engagée du développement des infrastructures, la bonne tenue des cours des matières premières et surtout l´optimisme des Brésiliens, aussi bien des chefs d´entreprise que de l´homme de la rue, garantissent un maintien d´une croissance de 4 % à 5% par an au moins jusque vers le milieu de cette décennie. Plus que jamais, le Brésil doit retenir l´attention des entreprises françaises.
Daniel Solano