Moins d’un an après
l’autorisation donnée à l’AFD (Agence française de développement) d’intervenir
en Birmanie depuis sa base en Thaïlande, le ministre du Développement, Pascal Canfin, s’est rendu du 20 au
23 mars dans un des pays les plus pauvres d’Asie (1 000 dollars par habitant).
En termes de coopération,« l’apport de la France reste modeste – 3 millions d’euros par an de
subventions sur les quatre prochaines années », reconnaissait le 21 mars
Yves Guicquero, directeur adjoint du département Asie de l’AFD. Les secteurs de concentration – agriculture, santé, eau et
assainissement – ont été officialisés le 22 mars, lors de la visite de Pascal
Canfin.
Le commerce de la France avec la
Birmanie est faible : 17 millions d’euros en 2011. En septembre dernier,
Paris a rouvert son Service économique à Rangoun, qui était fermé depuis
février 2007 et, il y deux mois, Ubifrance a aussi créé un bureau dans la
capitale économique du pays.
« Après cinquante ans de gouvernement
militaire, la Birmanie (République de l’Union du Myanmar) a entamé en mars 2011
un processus de transition politique et économique », qui a notamment
débouché sur l’élection de l’opposante et Prix Nobel de la paix Aung San
Suu Kyi comme députée lors des élections partielles d’avril 2012 ,
rappelait, le 19 mars, le Club du Centre d’études prospectives et
d’informations internationales (Cepii), en introduction d’une matinée consacrée
aux « enjeux économiques de la transition et les réformes juridiques en
Birmanie ».
Les Japonais en pointe pour investir dans le zones franches
La France est peu présente dans
un pays très lié à ses voisins asiatiques, notamment la Chine. Riche en
ressources naturelles, la Birmanie livre des produits énergétiques à la Thaïlande,
des produits agroalimentaires et du bois à l’Inde et la Chine, et importe un
peu de tout de l’ex-Empire du Milieu, entre autres, des produits de la
mécanique, de la métallurgie et des véhicules.
La Chine est aussi le premier
investisseur en Birmanie. Une présence si forte, selon Andrea Goldstein (notre
photo), économiste et conseiller du gouvernement birman, « qu’il est
difficile de savoir aujourd’hui si ce sont les sanctions internationales qui
ont poussé le régime birman à s’ouvrir ou si, en dépit des sanctions, il a
décidé de libéraliser pour ne pas se trouver dans une relation exclusive avec
Pékin ».
C’est la Chine qui pilote le
projet de zone franche ou zone économique spéciale de Kyaukphyu, dont la
réalisation, comprenant la construction d’un gazoduc, permettra au géant
asiatique de recevoir chaque année 12 milliards de m3 de gaz. En revanche,
Andrea Goldstein ne croit pas à la volonté des Chinois de délocaliser certaines
activités. Répondant à une question à ce sujet du Moci lors de la réunion du
Club du Cepii, il a estimé que cette stratégie répondait plutôt à l’intérêt des
Japonais pour les zones économiques spéciales de Dawei et Thilawa.
Un droit libéral pour les IDE, mais incomplet
Selon Florence Grangerat, avocat
au cabinet Audier & Partners à Rangoun (Yangon), « le droit pour les
investissements directs étrangers (IDE) en Birmanie est très ouvert par rapport
aux pays voisins », mais « la réalité est moins rose ». D’abord,
parce que pour tout IDE, il faut une autorisation du gouvernement. Et pour
obtenir ce sésame, les chefs d’entreprises, généralement basés à Rangoun,
doivent se rendre à Naypyidaw, la capitale du pays située à 300 km dans le delta de
l’Irrawaddy.
Ensuite, des
lacunes existent toujours en matière de transfert de fonds, de réglementations bancaire
et financière. « La loi sur l’investissement étranger date de 2012. Très
généraliste, elle a, certes, été complétée par des décrets d’application, mais
certains aspects de ce texte restant malgré tout vagues, il faudra encore
attendre son application avant de se faire une opinion définitive »,
prévient Florence Grangerat. Du coup, pour l’instant, les investisseurs se
montreraient plutôt attentistes.
Andrea Goldstein
est convaincu que ce sont les zones franches et les privatisations qui vont attirer
les IDE. La Birmanie dispose aussi de ressources naturelles et d’une main
d’œuvre bon marché par rapport aux pays
voisins. Ainsi, un ouvrier reçoit un salaire mensuel de 68 dollars à Rangoun,
78 dollars à Dhaka (Bangladesh), 82 dollars à Phnom Penh (Cambodge) et 130
dollars à Ho Chi Minh (Vietnam). La rémunération y est portée à 176 dollars
pour un ingénieur, à comparer à 251 dollars à Dhaka, 204 dollars à Phnom Penh
et 286 dollars à Ho Chi Minh. Enfin, un manager y est payé 577 dollars, contre
578 dollars, 663 dollars et 704 dollars respectivement dans les trois autres
villes d’Asie.
François Pargny
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Pour en savoir plus
En fichier joint, le blog du
Cepii « La Birmanie à l’amorce du rattrapage économique »
Moci Pratique
- -Service économique (rattaché au SE à
Singapour)Chef
du Service économique, Dominique Causse
[email protected]
Assistante
du conseiller économique, Oanma Win
Site internet : www.tresor.economie.gouv.fr/se/thailande
Conseillère
régionale pour les affaires agricoles (en résidence à
Singapour), Djahne
Montabord
-Mission
économique Ubifrance (rattachée à la ME à Singapour)
- Chargée du Bureau à Rangoun, Sarah
Lubeigt
Tél. : 00 951 23 02 1 25
– Aa Thant
-Agence française de développement
(AFD) (située en Thaïlande)
- Responsable, Étienne Woitellier
Tél. : 00 662 663 60 90
[email protected]