Les résultats du dernier baromètre international du groupe Cegos issu d’une enquête d’opinion menée dans neuf pays et consacré aux enjeux « Ressources humaines (RH) », publiés le 16 octobre, confirment l’enjeu majeur qu’est devenu, en quelques années, la question de l’acquisition de nouvelles compétences dans des domaines telles que l’intelligence artificielle et le traitement des données (data).
Parmi les grandes tendances relevées cette année, un net phénomène d’accélération des transformations technologiques, qui deviennent un enjeu majeur en matière de compétence et semble créer une forme de défaitisme chez les salariés.
Ainsi, pour les DRH, les enjeux compétences des deux prochaines années sont avant tout liés aux transformations technologiques et notamment à l’intelligence artificielle (IA) et à la data (63 % et 58 % en France, en hausse de +25 points par rapport à 2023). Conséquence logique : alors que 38% des salariés interrogés se disent dépassés par la technologie (dont 24 % en France), les deux tiers (76 %), dont 69% en France, pensent que les enjeux de transformation actuels (technologiques, climatiques, sociétaux…) vont modifier le contenu de leur travail et un tiers (31 %), dont 23 % en France, pensent que ces transformations vont faire disparaître leur métier.
Autre fait marquant, 27% des salariés (22 % en France) estiment qu’ils n’ont ou n’auront bientôt plus les compétences pour exercer leur métier convenablement et selon les DRH, 19 % des emplois de leur organisation (16 % en France) présentent un risque d’obsolescence des compétences dans les trois ans à venir. En revanche, l’enjeu des compétences liées à la transition écologique reste en retrait (29% à l’international et 32% en France, en baisse de 6 points vs 2023). Côté soft skills, 39 % des salariés veulent se former pour gagner en efficacité dans leur organisation de travail (36 % en France), 36 % à la créativité (30 % en France) et 33 % à l’agilité (30 % en France). Les DRH interrogés privilégient quant à eux l’agilité et les capacités d’adaptation face à l’accélération des transformations.
Chiffres clés du Baromètre international Cegos 2024
Réalisée en juin 2024 dans 9 pays d’Europe (France, Allemagne, Italie, Portugal, Espagne), d’Asie (Singapour) et d’Amérique Latine (Brésil, Mexique, Chili), cette enquête a permis d’interroger 5 000 salariés (dont 1 000 en France) et 469 Directeurs ou Responsables des Ressources Humaines (DRH) ou de la formation (dont 60 en France) au sein d’organisations des secteurs privé et public de 50 collaborateurs ou plus.
Un enjeu stratégique partagé entre salariés et entreprises
Deuxième grande tendance mise en exergue par le baromètre Cegos, le développement des compétences est de plus en plus perçu comme un enjeu stratégique et partagé.
Ainsi 78 % des salariés (73 % en France) et 90 % des décideurs RH (95 % en France) estiment que le développement des compétences est un levier stratégique pour leur entreprise/organisation. Mais pour 63 % des collaborateurs (57 % en France), le développement des compétences est une responsabilité partagée de façon égale entre l’entreprise et le salarié. Ce point de vue est en augmentation chez les DRH (66 % et 70% en France, en hausse de +22 points sur 2023).
Toutefois, 92 % des salariés (84 % en France) se disent prêts à se former par eux-mêmes pour s’adapter aux transformations des emplois et des métiers et 58 % des salariés sont prêts à financer une part de leur formation (35 % en France).
Perception du « Former juste et juste à temps »
Enfin, troisième grande tendance : la perception du rôle de chacun pour répondre aux besoins de formation en temps et en heure, le « Former juste et juste à temps » ou « time to competency ».
Les DRH jugent pour leur part leurs organisations plutôt agiles pour répondre à cet enjeu du « former juste et juste à temps », avec une note de satisfaction moyenne de 7,2 (6,8 en France). Toutefois, 44 % des DRH (27 % en France) ont des difficultés à faire coïncider l’offre de formation avec les besoins en compétences des équipes (+3 points sur 2023).
De fait, pour 43 % des collaborateurs (36% en France), la réponse à leurs besoins de formation arrive souvent tardivement. Concernant le dispositif de formation mis en place par leur organisation les salariés restent plus sévères (6,7/10 et 6,6 en France) que les DRH (7,4/10 à l’international comme en France), et ce depuis trois ans.
En matière de dispositifs de formation 46 % des formations (41% en France) sont dispensées en distanciel, dont 57 % en mode synchrone (62 % en France). 52 % des salariés attendent avant tout des formations opérationnelles (43 % en France), interactives/ludiques (42 % contre 40% en France) et personnalisées (38 % contre 39 % en France). Les DRH voudraient pour leur part proposer des parcours plus interactifs et ludiques (49 %, soit +13 points sur 2023 et 58 % en France soit +25 points vs 2023) mais aussi plus individualisés (44 % et 43 % en France).
Parmi les pratiques en vogue, l’e-coaching arrive en tête des nouvelles modalités de formation utilisées ou envisagées à court terme par les DRH (49 %). En France, cette proportion atteint même 60 % (+22 points sur 2023). Côté outils, l’IA monte en puissance : 44 % des salariés sondés (32 % en France, +10 points sur 2023) ont déjà fait appel à l’IA générative pour se former, tandis que 81% des DRH (80 % en France, +16 points) l’ont déjà utilisé ou envisagent de l’utiliser, notamment pour individualiser les parcours.