Face à la déferlante qui s´est abattue sur la finance mondiale et à son impact sur l´économie réelle, les pays du G20 s´étaient engagés en novembre dernier à ne pas recourir aux pratiques protectionnistes. Ont-ils tenu leur promesse ? Dans unrapport publié le 17 mars, la Banque mondiale en doute sérieusement.
Selon ce rapport, 17 pays du G20 ont en effet mis en place 47 mesures de restriction du commerce au préjudice de pays tiers. Seuls l´Afrique du Sud, l´Arabie saoudite et le Japon n´ont pas versé dans le protectionnisme. Le tiers de ces mesures portent sur les droits de douane. Les deux tiers restant regroupent des mesures non tarifaires. Elles peuvent porter sur la limitation des points d´entrées des importations comme l´a mise en place l´Indonésie en exigeant que cinq catégories de produits n´entrent que par cinq ports et aéroports.
Autre mesure non tarifaire, mais aux conséquences protectionnistes, selon la Banque mondiale : le resserrement des normes, qui entraine de facto une contraction du volume des importations. La Chine, par exemple, a interdit l´importation du porc irlandais, de certaines marques de chocolat belges, d´œufs hollandais ou encore de produits laitiers espagnols.
Les subventions aux exportations constituent elles-aussi, selon la Banque mondiale, un dédit des engagements pris par les membres G20 en novembre 2008. L´Union européenne a ainsi annoncé de nouvelles subventions aux exportations de beurre, de fromage et de lait en poudre. Sans compter, bien sûr, les nombreuses subventions proposées pour le secteur automobile dont le montant, selon la Banque mondiale, s´élèverait à 48 milliards de dollars à l´échelle mondiale.
A l´occasion de la publication de ce rapport, Robert Zoellick, le président du groupe de la Banque mondiale a insisté sur le fait que « les dirigeants ne doivent pas céder aux chants des sirènes des solutions protectionnistes, que ce soit pour le commerce, les plans de relance ou ceux de sauvetage ». Un message destiné aux participants du prochain G20 qui se déroulera début avril.
Sophie Creusillet
Retrouvez l’intégralité de ce rapport (en anglais) en cliquant ici