« L’Australie est un pays extrêmement moderne, tout en étant sous-développé », selon Didier Mahout, qui préside la section Australie des Conseillers du commerce extérieur de la France (CCEF). « On peut être ainsi une des nations les plus riches du monde » – son produit intérieur brut s’élève à 64 000 dollars par habitant, contre 43 000 dollars en France – « et avoir accumulé du retard en matière d’infrastructures ».
D’un côté donc, une classe moyenne aisée et même, d’après une étude du Crédit Suisse en 2014, la moyenne la plus élevée en matière de richesse disponible, avec 219 500 dollars par personne. L’Australie accueille comme résident 4 % des millionnaires dans le monde. Une belle opportunité pour les spécialistes du luxe ou encore les entreprises agroalimentaires. La population (23 millions d’habitants) ne cesse de croître et la classe moyenne et le taux d’urbanisation avec.
D’un autre côté, pour réduire sa faiblesse dans les infrastructures, Canberra a présenté un portefeuille de projets, d’un montant global de 760 milliards de dollars, à réaliser d’ici à 2025. Parallèlement, « 229 milliards de dollars australiens de projets dans les mines et les hydrocarbures étaient en cours à fin avril 2013 », indiquait Carolyn Abela-Rebiscoul (notre photo), chef de l’équipe Ressources et énergie pour l’Europe chez Austrade, organisme de promotion du commerce, de l’investissement et de l’éducation du gouvernement fédéral, lors d’un petit déjeuner pays, organisé, le 12 juin, par Ubifrance.
Une priorité : augmenter la productivité
« L’Australie est le premier producteur mondial de charbon, le deuxième de zinc et d’uranium ou encore le troisième de fer ou de nickel et, dans dix ans, sera aussi le deuxième producteur de gaz naturel liquéfié de la planète », s’enthousiasme Didier Mahout. « En 2014, nous produirons 215 millions de tonnes de minerai de fer, 43 millions de tonnes de charbon, 1 110 pétajoules de gaz et les énergies nouvelles représenteront déjà 13 % de la production nationale d’électricité », précise Carolyn Abela-Rebiscoul.
Outre son manque d’infrastructures, l’Australie souffre aussi d’une productivité insuffisante. Une faiblesse qu’il est d’autant plus urgent de réduire, sinon d’éliminer, que les cours des matières premières fléchissent et que la Chine, grand consommateur des ressources du sous-sol australien, est confrontée à un ralentissement de son activité économique. « Si l’on ne connaît pas le même boom économique que dans le passé et qu’en plus la productivité ne
s’améliore pas, alors le revenu par habitant pourrait baisser de 0,5 % », prévient Jacques Reynaud, directeur général de la société Polyglot.
Aujourd’hui, la recherche et développement est devenue un enjeu national dans toute une série de spécialités : sciences des matériaux, technologies médicales et digitales. Parallèlement, l’Australie s’oriente vers « des productions à petits volumes », souligne la dirigeante d’Austrade, et « à haute valeur ajoutée ».
François Pargny