L’année 2021 a vu revenir les investissements directs étrangers (IDE) en Europe. Ce rebond profite à la France qui a enregistré une hausse de 24 % des annonces d’implantations ou d’extensions d’entreprises étrangères, selon le dernier baromètre d’Ernst & Young sur l’attractivité de la France.
Si, avec 5 877 projets annoncés l’an passé, les IDE en Europe n’ont pas renoué avec leur niveau record de 2017, la France tire son épingle du jeu avec 1 222 annonces d’implantations et d’extensions, soit une hausse de 24 % par rapport à 2020. Avec la reconfiguration des supply chains, la France enregistre une forte augmentation des projets industriels et logistiques (respectivement + 18 et + 37 % par rapport à 2019).
Comme à l’échelle européenne, l’investissement porté par les entreprises de services numériques et les grandes plateformes tertiaires décroche sous l’effet du travail à distance et de la digitalisation des processus de back office.
Les investissements dans les centres de décision et la R&D retrouvent pour leur part de la vigueur mais la concurrence reste rude avec la plupart des pays d’Europe du Nord (Royaume-Uni, Allemagne, Belgique, Irlande et Pays-Bas), souligne Ernst &Young. Les secteurs les plus touchés par la crise sanitaire (automobile, aéronautique, chimie, plasturgie et construction) retrouvent un niveau proche de 2019.
Des IDE plus nombreux mais moins générateurs d’emplois
Avec en moyenne 38 emplois créés par implantation, contre 45 en Allemagne et 79 au Royaume-Uni, les implantations d’entreprises étrangères en France sont moins créatrices d’emplois. En revanche, la part des extensions de projets existants est plus importante en France (69 %) qu’outre-Rhin (19 %) et outre-Manche (23 %), signe de la capacité de l’Hexagone à fidéliser les entreprises déjà implantées.
En termes de secteurs, l’IT et les logiciels arrivent en tête avec 144 projets (en recul d’1 % par rapport à 2020), suivis par les constructeurs de moyens de transport (110 projets, + 75 %), les services aux entreprises et aux professionnels (102, – 23 %), le transport et la logistique (80, + 67 %), l’ameublement (74, + 61 %), l’électronique (71, – 4 %), la construction (71, + 9 %), l’agroalimentaire (69, + 30 %), les équipements industriels (68, + 39 %) et la chimie et la plasturgie (66, + 20 %).
Au classement par régions, l’Île-de-France conserve la pole position, devant Auvergne-Rhône-Alpes et le Grand-Est, mais on observe de très fortes progressions dans toutes les autres régions.
En 2021, près d’un projet industriel sur 2 a été localisé dans un territoire de moins de 50 000 habitants. Et les implantations ou extensions dans ces territoires sont à 74 % des projets industriels. Parmi les métropoles françaises, Bordeaux conserve la 1ère place en termes d’image auprès des investisseurs étrangers, devant Strasbourg, Marseille et Montpellier, alors que Lyon continue de perdre du terrain.
L’Allemagne en perte de vitesse
Au niveau européen, le Royaume-Uni a enregistré une modeste hausse de 2 % des projets d’IDE. En cause : les conséquences du Brexit qui suscite l’inquiétude sur les restrictions commerciales et la pénurie de main d’œuvre. Le pays conserve cependant de la vigueur dans la technologie, les sièges sociaux et l’industrie financière.
L’Allemagne voit quant à elle son nombre de projets annoncés diminuer de 10 % : les entreprises y apprécient une économie robuste et exportatrice, mais aussi marquée par le plein emploi et la difficulté pour les investisseurs étrangers de pénétrer les chaînes industrielles dans l’automobile, la chimie ou la pharmacie.
Les pays d’Europe du Sud tirent profit du mouvement de relocalisation, de régionalisation des chaînes d’approvisionnement et de réduction des coûts, comme l’illustrent les très bons résultats de l’Espagne, du Portugal et de la Turquie, mais aussi de l’Italie.
Dans le reste de l’Europe, des pays traditionnellement attractifs comme les Pays-Bas et l’Irlande marquent le pas car l’industrie et la R&D n’y sont pas des vecteurs d’IDE aussi importants, tandis que la Pologne et d’autres destinations est-européennes sont affectées par un contexte politique ou social défavorable.
SC