Onze ans après la fin de la guerre civile qui a déchiré pendant plus d’un quart de siècle ce pays lusophone
(1975-2002), l’Angola reste toujours aussi méconnu des entreprises françaises, à l’exception de Total, qui y a injecté 9,4 milliards de dollars, et de quelques PME et ETI comme Ponticelli (services pétroliers) et Bureau Veritas (inspection des marchandises, contrôle qualité).
« Pourtant, ce petit émergent, qui est le pendant de l’Afrique du Sud dans la partie australe du continent, est le premier bénéficiaire des investissements directs étrangers en Afrique. C’est la deuxième économie de la zone australe, son produit intérieur brut a été multiplié par dix depuis la fin de la guerre civile, le pays est stable politiquement et sa croissance économique devrait encore atteindre 7,2 % cette année, d’après le FMI, après + 7,4 % en 2012. Enfin, Luanda, la capitale, est en perpétuelle reconstruction, avec des grues qui dominent constamment des buildings modernes », détaillait, le 14 juin lors d’un atelier d’information d’Ubifrance, Xavier Chatte-Ruols (notre photo), qui dirigera le bureau d’Ubifrance à Luanda à compter du 1er septembre (ce bureau est, à l’heure actuelle, piloté depuis le bureau de Johannesburg en Afrique du Sud).
20 milliards de dollars à investir dans les infrastructures
Riche en hydrocarbures et en ressources minières (diamant…), le deuxième producteur de pétrole de l’Afrique, derrière le Nigeria, s’est doté de grands plans de réhabilitation, de modernisation et de construction d’infrastructures. Dans son étude sur « les infrastructures de l’Angola : une perspective continentale », la Banque mondiale estime que ce vaste pays, grand comme deux fois la France avec 1 247 000 km2, devrait investir au moins 20 milliards de dollars, principalement dans les transports, l’eau, l’énergie et les télécommunications pour se rapprocher des nations en développement.
C’est dire l’effort que doit consentir le pays de José Edouardo Dos Santos, le puissant président de la République, au pouvoir depuis 33 ans. A ce jour, 4,3 milliards de dollars auraient été investis dans les routes et les chemins de fer, essentiellement grâce à des lignes de crédit chinoises. Dans les télécommunications, quelque 10 000 kilomètres de fibre optique doit être installé dans les 18 provinces du pays. Et le câble doit aussi être utilisé pour transmettre la voix et les données entre l’Amérique latine, l’Afrique et l’Asie. En mai 2014, est encore prévue la mise en place d’un câble sous-marin entre l’Angola et le Brésil.
Sur ce marché difficile et un peu opaque, « passer par les importateurs »
Les besoins sont aussi importants dans la filière alimentaire. Spécialiste des pays lointains, l’Adepta (Association pour le développement des échanges internationaux de produits et techniques agroalimentaires), a piloté plusieurs de ses membres (Boccard, Clextral, etc.) en 2011 à la Foire internationale de Luanda (Filda). « Nous n’y étions pas revenus depuis 2003 et les besoins d’importation y sont énormes dans le poulet ou la poudre de lait », délivre Florian de Saint-Vincent, qui conseille « sur ce marché difficile et un peu opaque de passer par les importateurs ».
Selon lui, « l’Adepta travaille à l’heure actuelle sur des projets d’implantation dans la viande et l’irrigation». Réaliser « des projets complets, clés en mains, dans la viande, y compris dans le porc, incluant de la formation et du froid, ce qui fait défaut sur place, est tout à fait possible », affirme-t-il. « Bien sûr, ajoute Florian de Saint-Vincent, la concurrence est forte, en provenance d’Israël, du Brésil ou de l’Inde, mais le potentiel est tel qu’il y a de la place pour tout le monde ».
C’est aussi un marché où la notion de réseau est importante – hommes d’affaires et politiques se connaissent – et où le coût de prospection est élevé. En raison des encombrements automobiles, les missions sont obligatoirement longues, entre trois à quatre jours. Or, Luanda serait la deuxième ville la plus chère du monde. Rien que pour une nuit d’hôtel, il faut s’attendre à y débourser au moins 300 dollars.
François Pargny
Pour en savoir plus :
Rencontres d’affaires France-Afrique du Sud/Angola 2013
25-27 novembre, Johannesburg
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