A un an des élections
présidentielles en Algérie (avril ou mai 2014), les observateurs politiques se
perdent en conjectures. Alors qu’il y a encore quelques mois, la grande majorité
pensait qu’Abdelaziz Bouteflika, en poste depuis 2004 et président d’honneur du
Front national de libération (FLN), se représenterait pour un nouveau mandat de
cinq ans, certains d’entre eux affirment aujourd’hui le contraire.
« Plusieurs
signes montrent que le chef de l’État ne pourra pas se représenter », assure
ainsi un politologue, qui évoque « la débande dans le clan
présidentiel ». D’abord, les partis traditionnels qui le soutiennent comme
le RND et le FLN sont décapités et « dirigés par des numéros un
transitoires qui expédient les affaires courantes ». Ensuite, Abdelaziz
Bouteflika « a fait lui-même le ménage autour de lui, en s’isolant ou se
séparant de ses soutiens, amis ou conseillers (Benachenou, Meguedem…).
Enfin,
explique l’interlocuteur de la Lettre confidentielle, « il y a un parfum
de scandale autour de l’entourage, de la fratrie du président ».
Ainsi, l’ancien ministre de l’Énergie Chakib Khelil et la fille de l’actuel
Premier ministre Abdelmalek Sellal seraient impliqués dans des affaires de
corruption autour de la puissante compagnie d’hydrocarbures Sonatrach. Ce ne
serait « pas tout à fait un hasard si ces affaires sortent
aujourd’hui », soupçonne un second observateur politique à Alger. Le Forum
des chefs d’entreprises (FCE), organisation patronale habituellement discrète
dans le combat politique, a pris position en faveur du Premier ministre et
surtout l’actuel titulaire serait en pôle position pour occuper le fauteuil de
vice-président de la République, si ce poste était créé à la faveur de
changements constitutionnels annoncés.
Une réforme constitutionnelle devrait,
en effet, intervenir en septembre. Autre modification de poids, le chef du
gouvernement, issu de la majoritaire au Parlement, deviendrait responsable devant
l’Assemblée populaire nationale (APN).
François Pargny