On aurait pu s’attendre à des propos prudents de la part de la directrice
générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, qui
effectuait une visite officielle à Alger du 12 au 14 mars. En effet, ce grand
pays exportateur d’hydrocarbures ne venait-il pas, grâce à ses confortables
réserves de change, de prêter cinq milliards de dollars au FMI !
Il n’en a rien été. Malgré les bons indicateurs financiers du pays,
« Christine Lagarde n’a pas manqué d’appeler à la mise en place de mesures
claires pour assurer les conditions d’une diversification de l’économie »,
rapporte le quotidien algérien El Watan sur son site el.watan.com dans un article du 16 mars, intitulé « Dépendance
aux hydrocarbures. Les mises en garde de la patronne du FMI ».
Une baisse des cours des hydrocarbures est possible
Dans un discours préparé à l’intention des invités du gouverneur de la
Banque centrale, Mohammed Laksaci, le 14 mars, la patronne du FMI observe que « les pays avancés n’en finissent pas de se
désengluer de la crise». Or, juge-t-elle, une croissance « trop
timide » dans le monde cette année (3,5 % attendus) et dans les pays
avancés (1,5 % attendus) ne crée pas « les conditions les plus propices
pour maintenir les prix à un niveau élevé ou entretenir la croissance des
exportations algériennes d’hydrocarbures ».
Comme pour enfoncer
le clou, note El Watan, Christine Lagarde a affirmé connaître « peu de pays qui maintiennent une règle de type
51-49 % pour tous les secteurs confondus ». Une critique à peine voilée à
l’obligation faite aux investisseurs étrangers de céder la majorité de tout
projet d’investissement à des intérêts algériens.
Il faut éliminer « les règlementations complexes »
La dirigeante du FMI n’a pas non plus hésité à distiller ses conseils pour
« développer les possibilités d’emploi, de croissance et de
prospérité ». A commencer par la promotion d’un « secteur privé
dynamique, qui doit exister à côté d’un secteur public responsable ». Appelant
à une réforme de l’Administration, elle déplore également l’existence de « règlementations
complexes ». Et de citer les « 14 démarches et 25 jours nécessaires
pour créer une entreprise », les « 451 heures » qu’une
entreprise « chaque année » doit consacrer « au paiement des
impôts » ou encore les « 630 jours » indispensables « afin
d’assurer la mise en place d’un contrat ».
Christine Lagarde demande aussi aux pouvoirs publics algériens « de mettre un
terme à la domination des banques publiques, en permettant aux banques privées
de se développer et de jouer un rôle actif dans le crédit aux entreprises et
aux particuliers ». Enfin, elle les encourage aussi à « réduire les
obstacles qui dissuadent les entreprises à recruter, tout en continuant à
protéger les travailleurs ».
L’intégration commerciale est
bonne pour la croissance
S’agissant du secteur privé non algérien, « atténuer les
restrictions sur l’investissement étranger – et qui sont parmi les plus lourdes
du monde – contribuera fortement à élargir des perspectives du secteur
privé », assure la directrice générale du FMI, qui exhorte aussi Alger à
s’engager dans l’intégration commerciale.
D’après les analyses du FMI, « si le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord
s’ouvraient autant que l’Asie émergente, le produit intérieur brut par habitant
pourrait gagner près d’un point de croissance annuelle supplémentaire »,
précise-t-elle. De même, « le commerce extérieur pourrait rapporter aux
pays du Maghreb de deux à trois points de croissance de plus s’ils décidaient
d’opter pour une profonde intégration commerciale multilatérale».
François Pargny
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