« Nous répondons à des appels d’offres venus de groupes de toute l’Europe : en Espagne, ils sont en espagnols, en Allemagne, ils sont en allemand, en France, ils sont pour moitié en anglais ! » Alain Taieb, P-dg du groupe de services Mobilitas -une ETI spécialisée dans les services destinés à accompagner l’installation des entreprises à l’étranger- n’a pas mâché ses mots pour illustrer le manque de solidarité des grands groupes français vis à vis des PME devant Nicole Bricq, lors d’une réunion du Medef Ile de France le 3 octobre.
« Celà m’interpelle car les Allemands et les Espagnols disent ainsi à leurs prestataires, contrairement aux Français : faites un effort culturel, parlez notre langue », a ajouté celui qui est aussi vice-président du comité Afrique des CCEF et président de la commission internationale de la Chambre syndical du déménagement. Avant de déplorer que « les groupes français font des appels d’offres internationaux, mais pour certains, on n’a même pas été invités ».
Alain Taieb n’a pas été le seul a saisir l’opportunité de cette réunion en petit comité avec la ministre du Commerce extérieur pour se « lâcher ». Un autre participant, dirigeant d’une PME francilienne, qui a demandé à la Lettre confidentielle de taire son nom et sa spécialité par crainte d’être « blacklisté » chez son donneur d’ordre, a raconté une histoire édifiante à ce sujet : en gros, il a fallu qu’il passe par l’Allemagne pour que son offre soit enfin prise en considération par la direction des achats en France de cette grande société dont nous tairons aussi le nom.
Nicole Bricq n’a pas apporté de réponse concrète à ces récits, constatant que le mot « sous-traitant » n’existe pas dans la langue allemande…. Mais il y a quelques semaines, la LC relatait des propos très encourageants de Fabrice Brégier, président d’Airbus, sur la question de la solidarité grands groupes/PME lors de l’université d’été des chambres de commerce à Bordeaux, le 20 septembre : « En Fance, on oppose, on divise alors qu’il faut se rassembler. J’appelle les patrons des grands groupes à s’intéresser aux PME sous-traitantes car c’est dans leur intérêt »*. Celui qui est aussi président de l’association Pacte PME, qui promeut des relations de partenariat et le portage entre grands groupes et PME, ne croyait pas si bien dire. Il a du pain sur la planche !
Christine Gilguy
*Relire la rubrique « Ils ont dit » de la LC n°70 du 26 septembre. Cliquez ici