Soutenir les investissements durables des entreprises françaises
Une « équipe de France » des acteurs de l’accompagnement public à l’international, notamment en Afrique, est-elle enfin en train de se constituer à la faveur d’une diplomatie économique de plus en plus active ?
Une chose semble certaine : développement de l’investissement privé et aide au développement, longtemps pilotés par deux écosystèmes qui se parlaient peu, ne sont donc plus opposés et vont bénéficier d’une meilleure synergie, plus systématique, entre ces derniers. Avec comme priorité l’Afrique, même si tout autant l’AFD que Bpifrance couvrent d’autres zones géographiques.
Pour Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifrance, « la mise en synergie de nos domaines d’intervention, de nos compétences et de nos réseaux respectifs permettra de démultiplier l’efficacité de nos actions conjointes en faveur de rayonnement économique de la France à l’international et notamment sur le continent africain. » Pour Rémy Rioux, président du groupe AFD, ce partenariat « vise à soutenir les investissements durables des entreprises françaises en Afrique au service des Objectifs de développement durable, de l’Accord de Paris et du lien renouvelé entre l’Afrique et la France. »
Pour marquer l’importance de ce rapprochement, une fois n’est pas coutume en ces temps de pandémie : l’accord a été signé en présentiel au siège de l’AFD à Paris, côté Bpifrance par Nicolas Dufourcq, et côté groupe AFD, par Rémy Rioux, Grégory Clemente, Directeur général de Proparco (filiale de l’AFD pour le financement du secteur privé) et Jérémie Pellet, Directeur général d’Expertise France (une autre filiale spécialisée dans l’assistance technique).
Signe que l’accompagnement des entreprises françaises à l’international est un des objectifs clés de ce partenariat renforcé, Nicolas Dufourcq était entouré de Pedro Novo, directeur exécutif de l’export, et de Marie-Albane Prieur, directrice adjointe du développement export, ainsi que d’Isabelle Bébéar, directrice des Affaires Internationales et Européennes, et de Pascal Lagarde, directeur exécutif International, stratégie, études et développement.
De plus nombreux domaines de coopération
« Cela fait longtemps que nous travaillons ensemble ; par exemple dans le domaine des fonds de capital investissement, nous coopérons avec Proparco depuis 2003 dans le dispositif de fond de fonds Averroès, destiné à soutenir le développement du marché du capital investissement. Nous avons lancé ensemble fin 2020 Averroès Africa et souscrit au deuxième Fonds Franco-africain, le FFA2, confie Isabelle Bébéar au Moci. Mais il y a d’autres domaines où il nous a semblé important de formuler la coopération à développer ».
Le descriptif des différentes actions que vont mener l’AFD et Bpifrance pour améliorer leurs synergies est précis, concret, et couvre tout autant le partage et la coordination des savoir-faire, des instruments et la mise en réseau.
Il prévoit ainsi une « complémentarité des interventions au service de l’internationalisation des entreprises françaises ». Concrètement, Bpifrance et Proparco agiront en alliés, dans l’offre d’outils de financement adaptés aux besoins des filiales françaises (fonds d’investissement, crédit export…) mais aussi dans l’identification de partenaires pour les entreprises françaises.
Le communiqué parle également de la mise en place d’un « continuum » d’outils au service de l’internationalisation des entreprises étrangères, notamment africaines. Concrètement, il s’agira de la mise en réseau de ces entreprises avec les banques françaises partenaires de l’AFD et de Bpifrance et de la mise en relation d’entreprises africaines dont des entreprises françaises sont actionnaires.
Formation réciproque, partage des pratiques « climat »
Autre action prévue, la mobilisation des réseaux respectifs des entités en France et à l’étranger avec notamment la formation réciproques des personnels aux instruments de chaque entité, l’accueil dans les agences à l’étranger de l’AFD de volontaires internationaux en entreprise (V.I.E) ou d’expatriés de Bpifrance mais aussi de ses délégations.
Les deux entités prévoient également de partager leurs pratiques en matière d’évaluation de l’impact climat des projets, un sujet qui devient crucial pour les entreprises. « Nous voulons partager nos méthodes sur le climat afin d’essayer de parler d’une seule voix » précise Isabelle Bébéar.
Enfin, l’AFD et Bpifrance vont renforcer leur « rôle d’ambassadeur de l’expertise française ». Concrètement, Expertise France et Bpifrance coopéreront davantage dans leur mission de conseil aux gouvernements, contribuant à améliorer le climat des affaires localement. En outre l’AFD et Bpifrance mettront en réseau des entreprises africaines et françaises et travailleront ensemble sur les programmes d’accompagnement des entrepreneurs.
Une des premières concrétisations, pour les entreprises françaises et africaines, de cette coopération renforcée entre l’AFD et Bpifrance pourrait être la création d’un club d’entrepreneurs africains et français. Chez Bpifrance, on pousse l’idée d’utiliser la plateforme Euroquity.com, qui permet déjà de mettre en réseau les entrepreneurs que la banque publique soutient et de créer des communautés. Une telle communauté a par exemple été créée autour d’Averroès Africa. « Cela peut être une bonne base pour commencer » souligne Isabelle Bébéar.
Christine Gilguy