En France, et ailleurs dans le monde, la crise sanitaire a aiguisé l’appétit des consommateurs pour les produits bio. Un segment sur lequel l’offre française est bien positionnée et appelée à gagner des parts de marché.
Pour Pascale Thieffry, qui dirige le pôle agrotech de Business France, cela ne fait aucun doute : « Avec la crise sanitaire, la tendance des produits bio et écoresponsables s’est encore renforcée et la France a beaucoup de cartes en main pour saisir de nouvelles opportunités d’affaires à l’international ». De fait la France est déjà en pointe dans ce secteur.
La France est le 5ème exportateur mondial de produits bio
Avec 826 millions d’euros de produits bio exportés en 2019, elle est le 5ème exportateur mondial de cette filière en pleine expansion. Ces exportations, principalement à destination des pays de l’Union européenne, ont bondi de 90 % entre 2014 et 2019. 2,3 millions d’hectares, soit 8,5 % de la surface agricole utile, lui sont consacrés, deux fois plus qu’il y a cinq ans.
Si les marchés américains (41 milliards d’euros) et européens (37 milliards d’euros) restent, et de loin, les premiers marchés, l’appétit pour les produits alimentaires bio est également en très forte croissance au Moyen-Orient et en Asie de l’Est (Corée du Sud, Japon et Chine). Ce dernier pays est d’ailleurs le troisième client du bio français.
En outre, l’étude « Où exporter en 2021 ? », un vaste panorama du marché mondial de l’agroalimentaire publié par Business France, souligne que plusieurs pays ont fait état d’une demande accrue depuis le début de la crise sanitaire, notamment les États-Unis, l’Italie, l’Allemagne ou encore la Belgique. Un phénomène de mode ?
Une tendance de long terme
A priori non, bien au contraire. « La tendance est partie pour s’inscrire dans le temps, répondant également à la volonté accrue de traçabilité et de proximité de l’approvisionnement », répond l’étude de Business France.
Dans le vin, la France est déjà à la pointe de cette tendance puisqu’elle est le deuxième exportateur mondial de flacons estampillés du label AB, principalement à destination des autres pays européens et des États-Unis. « Perçu comme un mélange de tradition et d’innovation, l’offre française en vins bio est particulièrement appréciée et reconnue, alors même que la consommation mondiale a doublé entre 2013 et 2018 », constate Business France.
Un besoin accru de transparence
Vins, fruits, légumes, produits laitiers, viande, produits issus des industries alimentaires… La liste de courses des produits bios made in France arborant le label européen AB est variée et traçable, ce qui constitue un excellent atout à l’international.
Selon Pascale Thieffry, « les Français sont très forts en labellisation et la crise sanitaire que nous traversons va profiter aux labels, bios, Rouge ou IGP qui garantissent une traçabilité des produits ». Jugée pointilleuse et parfois difficile à mettre en œuvre, la démarche de labellisation et les normes de traçabilité vont devenir un gros atout sur les marchés internationaux après la fin de la crise.
D’autant qu’elle accompagne une autre tendance de fond dans la distribution de produits alimentaires : la montée en puissance du e-commerce. « L’alimentaire sera fortement digitalisé d’ici 5 à 7 ans et ce mode de distribution exige une transparence accrue », estime Stefano Volpi, cofondateur de Connecting Food. Cette startup française spécialiste de l’agroalimentaire a développé une technologie à base de blockchain pour assurer la traçabilité et la transparence des aliments, du producteur au consommateur.
La pandémie de Covid-19 aura donc eu cet effet positif de centrer l’attention des consommateurs sur l’essentiel : une alimentation saine, respectueuse de l’environnement, soucieuse de la rémunération des producteurs et issue de circuits courts. La « consom’action », posture longtemps marginale, a désormais le vent en poupe et devient un argument marketing. La filière française a tous les atouts pour y réussir, dans et hors de ses frontières.
Sophie Creusillet