« Les entreprises agroalimentaires françaises se sont montrées plutôt résistantes en 2010 », a indiqué l´Association nationale des industries alimentaires (Ania) dans un communiqué remis, le 29 mars, à l´issue de la conférence de presse de présentation du bilan 2010 et des perspectives 2011-2012 de la filière, dressés avec le cabinet d´études Xerfi.
Avec un chiffre d´affaires de 143,6 milliards d´euros l´an dernier, les industries agroalimentaires (IAA) ont enregistré une progression de 3 % par rapport à 2009. « C´est moins que l´ensemble de l´industrie manufacturière, qui a affiché une hausse de 5,7 %, et surtout c´est moins que la progression de 5 % en moyenne annuelle d´avant la crise », a tenu à relativiser Jean-René Buisson, président de l´Ania.
De même, le solde commercial de la première industrie française a fait un bond de 52,7 %, atteignant ainsi 5,7 milliards d´euros. Certes, les exportations (+ 9,9 %) ont progressé plus vite que les importations (+ 4,4 %), mais, pour Jean-René Buisson, « l´exportation reste un problème préoccupant », car « de nombreuses petites entreprises ne sont pas structurées » pour aborder les marchés extérieurs. Sur un total de 10 000 sociétés agroalimentaires, 50 réalisent 60 % du chiffre d´affaires global et 3 500 à 3 600 ont un véritable modèle économique.
«Le reste sont des PME et des ateliers améliorés, qui ne sont pas naturellement tournés vers le travail collectif», ce qui explique, selon Jean-René Buisson, que la mutualisation prônée par son association, « commence juste à prendre », avec des initiatives « comme Produits de Bretagne ou Produits de Provence ». Le « paradoxe », insiste le président de l´Ania, c´est que « nos produits sont sollicités à l´étranger, mais que nous ne sommes pas organisés pour répondre à la demande ». Et « aujourd´hui, observe-t-il encore, si des secteurs traditionnels à l´export reprennent », comme les vins et spiritueux (31 % des exportations des IAA), « il n´y a pas de fort démarrage de l´export ».
C´est d´autant plus inquiétant que la France, qui est tombée à la quatrième place comme pays exportateur, derrière les Etats-Unis, les Pays-Bas et l´Allemagne, est maintenant talonnée par le Brésil. Alors que la reprise de la croissance mondiale est confirmée surtout dans les économies émergentes, les IAA françaises, sur des exportations totales de 36,1 milliards d´euros, ont effectué 57 % de leurs ventes à l´étranger dans six pays européens : Allemagne, Belgique, Royaume-Uni, Italie, Espagne et Pays-Bas. L´impact des évènements en Afrique du Nord, au Moyen-Orient et au Japon sera négligeable, « seules des entreprises ayant investi sur place devront prendre des décisions », estime Jean-René Buisson.
Le niveau insuffisant des investissements de la filière en France est un souci pour l´Ania. En recul déjà de 14 % en 2009, il a encore régressé de 8 % l´an dernier. Et si les chefs d´entreprises interrogés par l´organisation professionnelle prévoient une hausse de 7 % cette année, ce chiffre reste « faible », selon Jean-René Buisson, qui s´inquiète aussi de la forte volatilité des prix des matières premières agricoles et de la spéculation.
Augmentation des cours et hausse des prix des entrants (pétrole…) accentuent la pression sur les marges des entreprises. Et l´Ania prévient que les industriels « vont devoir aller chercher encore plus de productivité ». Avec un impact sur l´investissement, mais aussi sur l´emploi. Les IAA, qui avaient jusqu´alors réussi à stabiliser l´emploi, ont essuyé une perte de 0,6 % du nombre de salariés en 2010, qui est passé à 477 000.
François Pargny