Les dernières statistiques des échanges agroalimentaires européens portant sur les neuf premiers mois de l’année 2021 (janvier-septembre) mettent en valeur une forte hausse des exportations vers un certain nombre de marchés, notamment les États-Unis, où les vins et spiritueux, le chocolat et la confiserie tirent la tendance depuis la suspension par l’administration Biden des surtaxes à l’importation sur ces produits. Revue de détail.
Le commerce agroalimentaire de l’Union européenne (UE) se porte bien. Selon les dernières statistiques publiées le 4 janvier par la direction de l’Agriculture et du développement rural de la Commission européenne, portant sur les neuf premiers mois de l’année 2021 (janvier-septembre), exportations et importations confondues, sa valeur totale a atteint à 239,5 milliards d’euros (Md EUR), soit une augmentation de 6,1 % par rapport à la période correspondante de 2020*.
Les exportations tirent cette tendance, permettant de générer un excédent substantiel de 51 Md EUR, en hausse de 17 % par rapport à la même période de 2020. Elles ont en effet augmenté de 8 % pour atteindre 145,2 Md EUR, alors que les importations n’ont progressé que de 3,5 % pour atteindre 94,2 Md EUR.
Progression de 14,9 % vers les États-Unis
Par grandes zones géographiques, à l’export, la progression la plus significative (compte tenu de l’importance de ce marché) est enregistrée sur les États-Unis avec + 14,9 %, à 18,1 Md EUR, principalement grâce au vin, aux spiritueux et aux liqueurs ainsi qu’au chocolat et à la confiserie.
Le marché américain a été réouvert l’an dernier à ces produits après la trêve commerciale conclue par la nouvelle administration américaine avec l’Union européenne dans divers conflits (aéronautique, acier et aluminium). Cette dernière a mis fin aux surtaxes de 25 % appliquées sur de nombreux produits européens, dont les vins, dans le cadre du contentieux sur les subventions à l’aéronautique.
Sur le continent américain, les exportations agroalimentaires européennes sont également en hausse vers le Canada (+11,7 % à 2,9 Md EUR) et le Chili (+ 65,3 % à 821 M EUR). Elles sont en revanche en recul vers Cuba (- 13,9 % à 213 M EUR).
En Asie, en forte progression également, les exportations vers la Corée du Sud, qui ont bondi de 26 % (à 2,8 Md EUR) en raison des bonnes performances du vin, de la viande porcine, du blé et du méteil. Dans le reste de l’Asie, elles ont aussi fortement augmenté vers Singapour (+27,4 % à 1,4 Md EUR) et progressé vers la Chine (+4 % à 13,3 Md EUR).
Elles ont en revanche continué à chuter vers Hong Kong avec un recul de 8 % sur la période (1,6 Md EUR).
Rebond des exportations vers le Royaume-Uni
En Europe hors UE, les exportations agroalimentaires européennes ont également connu de belles progressions vers certains marchés : Suisse (+ 8,5 % à 7,2 Md EUR), Norvège (+13 % à 4 Md EUR) et même Fédération de Russie (+ 6,1 % à 5,2 Md EUR), malgré les complications des sanctions et contre-sanctions.
Pour la première fois en 2021, les exportations agroalimentaires vers le Royaume-Uni, premier marché extérieur pour l’agroalimentaire européen, ont dépassé leur valeur pour la période correspondante en 2020 et ont augmenté de 166 millions d’euros (à 30,4 Md EUR).
En revanche, il est à noter que les importations de l’UE en provenance du Royaume-Uni ont fortement chuté sur les neuf premiers mois de l’année 2021 : elles ont reculé de 26,7 % pour s’établir à 8,1 Md EUR. Un mauvais point pour les Brexiters. Le Royaume-Uni est le 2ème fournisseur agroalimentaire de l’UE sur la période, derrière le Brésil, n° 1, et devant les États-Unis n°3.
Dans le reste du monde, si les exportations européennes sont dynamiques vers Israël (+ 22,3 % à 1,8 Md EUR), elles sont en baisse vers plusieurs destinations en Afrique et au Moyen Orient, dont l’Arabie saoudite (-14, 1 % à 2,7 Md EUR), le Qatar (-12,3 % à 331 M EUR) et le Koweït (621,2 % à 428 M EUR).
Pas de changement dans la hiérarchie des pays clients
La hiérarchie des principaux pays clients de l’agroalimentaire européen n’a toutefois pas subi de grands bouleversements par rapport à 2019 et 2020 à la suite de ces évolutions.
Le top 3 des débouchés extérieurs demeure composé, dans l’ordre, du Royaume-Uni, des États-Unis et de la Chine, qui absorbent à eux seuls 42,5 % des exportations européennes.
Loin derrière, la Suisse occupe la 4ème place, suivie du Japon (5ème), la Fédération de Russie (6ème), la Norvège (7ème), le Canada (8ème), la Corée du Sud (9ème) et l’Arabie Saoudite (10ème), talonnée par la Turquie (11ème) et l’Australie (12ème).
L’Algérie, l’Ukraine et Israël se situent respectivement aux 13ème, 14ème et 15ème rang, devant le Maroc (16ème).
Vins, spiritueux et liqueurs en grande forme
Par catégories de produits, la valeur des exportations de vin, spiritueux et liqueurs a fortement augmenté de janvier à septembre 2021 : la progression a été de 30 % pour les vins (à 12,5 Md EUR) et de 28 % pour les spiritueux et liqueurs (à 6,2 Md EUR).
L’huile de colza et de tournesol (+ 32 % à 3 Md EUR), le chocolat et la confiserie (+ 11,9 % à 6,5 Md EUR), ainsi que la nourriture pour animaux domestiques (+12,7 % à 4,6 Md EUR) ont également enregistré des croissances importantes parmi d’autres produits.
En revanche, les exportations d’aliments pour nourrissons et de blé ont fortement diminué.
C.G
*Pour en savoir plus, les détails des statistiques d’échanges agroalimentaires de l’Union européennes par pays et par produits sont dans le document ci-après (en anglais) Monitoring EU Agri-Food Trade : developments january-september 2021.