A l’occasion des dernières Journées Export Agro 2021, les experts ont mis en avant deux tendances fortes, et porteuses, pour les entreprises françaises de l’agroalimentaire sur le marché américain : les snacks et les produits surgelés.
« La snackification est probablement la tendance la plus prometteuse des habitudes de consommation des Américains ». Lors d’un webinaire dans le cadre des Journées Export Agro 2021, Diane Santerne, client services director pour Sopexa USA, et Elia Auchane, Senior account manager pour Sopexa également, ont détaillé les principales tendances de la consommation alimentaire des États-Unis.
La moitié du snacking mondial consommé par des Américains
Entre 2010 et 2019, le nombre de snacks a ainsi été multiplié par deux, selon l’étude Taste France financée par le ministère de l’Agriculture et réalisée par Sopexa. Une véritable mutation des habitudes alimentaires des Américains. « Aujourd’hui, ils ne font plus trois repas par jour, mais cinq ou six ».
De fait, 90 % des consommateurs déclarent prendre un encas plusieurs fois par jour et 47 % affirment qu’ils ne tiennent pas la journée sans eux. Cette passion grandissante pour les snacks concerne tout particulièrement les jeunes générations puisque 53 % des 18/24 ans consomment plus de trois snacks par jour, faisant parfois office de repas.
Les raisons avancées par ces consommateurs friands de snacks : améliorer le moral, rester concentré, faire le plein d’énergie et se faire plaisir.
Les chiffres d’affaires du secteur reflètent ces nouvelles habitudes : sur un marché mondial du snacking pesant 100 milliards de dollars, plus de la moitié des revenus sont générés aux États-Unis.
Des niches à prendre pour les producteurs français
« Les entreprises françaises ont des opportunités, notamment avec des offres saines et innovantes, sur des format faciles et pratiques à consommer », a précisé Diane Santerne.
Une option qu’a su saisir, par exemple, le consortium du Jambon de Bayonne. Il s’est lancé depuis peu sur le marché américain, en adaptant son offre à la consommation snacking désormais si prisée Outre-Atlantique. « Pour l’instant, cela ne représente que 1 % de notre production mais le marché est prometteur », a témoigné Pierre-Yves Alifat, directeur général du consortium.
Bien que la consommation des snacks soit toujours dominée par les produits conventionnels comme les chips, les bretzels ou les chocolats, les consommateurs américains sont désormais de plus en plus en recherche de produits leur apportant des bénéfices santé.
44 % des consommateurs indiquent ainsi être prêts à payer plus cher pour des snacks sans OGM, sans colorants, arômes artificiels ou sucre. « Le fromage est considéré comme un snacking sain par les Américains, ce qui représente une opportunité pour les entreprises françaises », précise d’ailleurs l’étude de Sopexa.
Le retour des produits surgelés
Deuxième tendance de consommation signalée comme particulièrement intéressante pour les entreprises françaises : le retour des surgelés.
Le marché était en perte de vitesse mais s’affiche en rebond important depuis 2018. « La demande a été stimulée par une offre plus premium, plus diversifiée et plus alignée avec les attentes des consommateurs », ont justifié les expertes de Sopexa.
Le marché représente désormais 46,4 milliards d’euros par an, avec dans le top 5 : les glaces, les pizzas, les produits de la mer et les plats complets. « Cette tendance a explosé en 2020 avec la crise Covid. 86 % des consommateurs ont acheté des produits surgelés l’année dernière. 50 % déclarent qu’après la crise, ils achèteront un peu ou beaucoup plus de surgelés qu’avant ».
Les plats préparés devraient atteindre une croissance de 6 % en 2022, tirés notamment par les plats végétariens, véganes, biologiques et les alternatives saines. Conscient de cette attente, le groupe Nestlé a par exemple lancé en 2020 sa ligne de plats surgelés « Life Cuisine », avec des déclinaisons sans viande ou sans gluten.
Un marché varié et gigantesque qui sait protéger ses filières
Si l’offre française semble plutôt perçue positivement par les consommateurs américains, avec à la clé des débouchés pour les entreprises de l’Hexagone, l’accès à ce pays de 329 millions d’habitants disposant d’un PIB/habitant 50 % plus élevé qu’en France, n’est pas forcément aisé.
« Les États-Unis abritent une diversité culturelle et d’habitudes alimentaires extrêmement variées qui peuvent surprendre », souligne ainsi Christian Ligeard, conseiller aux Affaires agricoles pour l’Ambassade de France aux États-Unis.
Autres freins : le strict millefeuille réglementaire et la tradition américaine de protéger farouchement certaines de ses filières (sucre, lait, pêche, tabac etc.). « Les États-Unis savent imposer des barrières techniques et réglementaires. Globalement, le marché est très ouvert aux produits transformés dès lors qu’ils ne contiennent pas de viande », résume-t-il.
Une fois obtenues, les reconnaissances sont porteuses, y compris hors du marchés américain. « Avoir réussi à décrocher les agréments américains, réputés difficiles, nous donne une aura certaine et nous ouvre les portes d’autres pays », confirme Pierre-Yves Alifat pour le consortium du Jambon de Bayonne.
Les États-Unis ont importé, en 2019, 149 milliards d’euros de produits agroalimentaires : principalement des boissons, spiritueux, fruits, poissons et légumes. Ce pays est le 5e client de la France en absorbant 7,8 % de nos exportations agroalimentaires.
Stéphanie Gallo